En 2009, le suspense français Taken avait bien impressionné les spécialistes avec ses recettes de 226 millions $ dans le monde et près de 3 millions $ chez nous, au Québec. L'histoire de ce père de famille qui remue l'Europe tout entière pour tenter de retrouver sa fille qui a été enlevée par un groupe de trafiquants de femmes avait su toucher et désennuyer le consommateur de cinéma moyen. Un succès pareil ne pouvait pas être simplement un bon coup qu'on laisse derrière soi en en gardant de bons souvenirs, il fallait que les Américains s'en mêlent et en pondent une suite. Si cette dernière avait été aussi, ou au moins à moitié aussi efficace que le premier film, nous n'en aurions pas tenu rigueur aux capitalistes du cinéma, mais comme Taken 2 n'accote pas, en terme de pertinence et d'intelligence, l'oeuvre originale, on en veut légèrement à ces producteurs gourmands qui brisent de bons concepts pour quelques sous de plus.
Taken 2 manque infiniment de substance. On ne peut pas dire que Luc Besson et Robert Mark Kamen ont longtemps cherché pour trouver les filons de la trame narrative. L'ex-agent de la CIA a éliminé tellement d'hommes dans le premier volet qu'il serait légitime que les pères, les frères, les fils et les grands-pères de ces « victimes » veuillent évincer Bryan Mills. Voilà donc en quoi consiste ce nouveau long métrage, co-produit par les États-Unis et la Turquie. Évidemment, pour mousser légèrement cette histoire assez élémentaire, on a décidé d'impliquer Kim et Lenore, la fille et l'ex-femme de Mills, et de jouer sur l'émotion.
À défaut d'un récit distinctif et inattendu, on peut au moins se consoler dans l'action. Parce que des fusils, des combats à mains nues, des explosions, des courses de voitures, des cascades, des couteaux, des tortures, il y en a dans Taken 2. Les moments d'accalmie sont très rares et font généralement le pont entre deux séquences de batailles intenses. Le spectateur reste sur le qui-vive du début à la fin et ne quitte que très rarement l'écran des yeux. Évidemment, il y a quelques incohérences qui peuvent mener certains spectateurs à décrocher, certains moments où la chance, la bonne fortune, a trop à voir dans la réussite des héros, mais la constance tension - bien établie par une musique imprégnante et une caméra nerveuse - qui règne au sein de la production justifie (en partie) les absurdités narratives.
La caméra convulsive du réalisateur Olivier Megaton manque, par contre, de constance pour soutenir toujours adéquatement l'action. Il s'essaie dans les flous, les halos, les reflets, les miroitements de l'image, mais toutes ces techniques nous apparaissent un peu brouillonnes lorsqu'elles sont mélangées sans uniformité comme c'est le cas ici.
Le principal problème de Taken 2 c'est qu'on met en place les bons moyens pour attirer et maintenir un temps l'attention des spectateurs, mais que nous n'avons pas suffisamment de fondements, d'histoires pertinentes pour nourrir l'intérêt. On possède la technique - on a fait ses devoirs -, mais on a oublié d'y mettre du coeur et de la passion, cette chose qui a fait de Taken la réussite qu'elle a été.