La réalisatrice Julie Bertucelli reprend avec The Tree le canevas de plusieurs longs métrages sur le deuil : à la mort de son père, la petite Simone, bouleversée, est persuadée de ce dernier s'est réincarné dans l'immense arbre qui trône devant sa maison. Les péripéties attendues sont presque toutes au rendez-vous mais le traitement est plus poétique, plus symbolique. On retrouve donc au milieu de cette représentation réaliste ce symbolisme fort, qui faiblit en cours de route. The Tree est un film intéressant parce qu'il n'est (presque) pas mièvre et (presque) pas mélo. Mais il est aussi imparfait et peu ambitieux.
Très minutieusement, le film installe d'abord ses personnages et met en place ses leviers dramatiques; la relation entre le père et le mère est établie (et elle est solide), entre le père et ses enfants aussi (c'est un père et un mari aimant et respectueux) et c'est la tragédie lorsqu'il décède sans avertissement. Chacun vit le deuil à sa manière, sans trop d'esclandre, comme des grands. Les dialogues sont vifs et l'équilibre familial de cette maisonnée est vite trouvé et il est très séduisant, crédible et rythmé.
C'est grâce aux comédiens, dont Morgana Davies, cette charmante jeune actrice dont la candeur fait en premier lieu adhérer à cette folie poétique de croire son père s'est réincarné dans l'arbre du jardin au pied duquel il est d'ailleurs mort, qui est le joyau du film de par son jeu naturel et convaincant. Une complicité forte s'établit avec Charlotte Gainsbourg, délicatement vulnérable comme à l'habitude et leur deuil est vécu dans l'empathie, la tendresse et la patience. Cela, la réalisatrice le maîtrise bien.
Mais plus il avance, plus le récit devient long et redondant, jusqu'à un dénouement franchement décevant. Une finale qui semble improvisée (ce qui revient parfois à dire « bâclée ») qui rate complètement ses cibles émotives et poétiques. Comme c'est si souvent le cas, on constate le dénouement plutôt que de le vivre pleinement, démunis et ne sachant comme s'émouvoir de la faiblesse du symbole ou de la simplicité de la réflexion. C'est bien le cas ici, et même si cela ne gâche pas entièrement l'expérience de The Tree, on regrette de ne pas y retrouver la féérie que l'on devinait plus tôt dans le long métrage.
C'est peut-être qu'il y a confusion des genres; la question n'est pas de savoir si Dawn et George finiront ensemble, si la voisine parviendra à faire abattre l'arbre ou de savoir qui survivra à l'ouragan, comme les dernières minutes tentent de nous le faire croire, mais bien d'être témoin du deuil de cette famille. Mais plus le film avance, plus on s'en éloigne, on est distrait et soudain, on n'y pense tout simplement plus.