Peut-être que The Call pourrait être considéré comme un divertissement satisfaisant par un public novice, qui n'a pas l'habitude de ce genre de scènes nerveuses menées par une caméra insidieuse et languissante, mais pour les habitués du style pour les habitués du cinéma américain en général, le suspense de Brad Anderson manque d'authenticité pour se différencier dans le paysage cinématographique, et même au sein de son genre spécifique. Le long métrage ne manque pourtant pas d'intensité. Il joue d'ailleurs cette carte avec trop beaucoup beaucoup d'insistance. On sent que The Call veut mettre le spectateur sur les dents du début à la fin, qu'il soit sur le bout de sa chaise et mange son pop-corn avec fièvre en agrippant, si possible, la main de son partenaire paniqué et hurle au protagoniste à l'écran que l'agresseur est derrière lui... Rien de moins.
La conclusion de l'oeuvre s'avère probablement la pire erreur de la production. Une finale stupide - imprévisible parce que complètement insensée - qui laisse au public une mauvaise impression de l'ensemble du film. L'héroïne agit souvent - mais principalement à la fin - de manière irrationnelle. On peut accepter un minimum d'incohérence de la part d'un citoyen moyen témoin d'un crime de cette envergure, mais pour une répartitrice du 911 qui exerce ce métier depuis des années, se rendre sur place pour élucider elle-même l'enlèvement est aberrant et ce qui s'ensuit l'est encore plus.
Le hasard fait souvent bien les choses; un adage qu'Hollywood s'est approprié pour expliquer toutes les incohérences présentes dans ses films. The Call ne révolutionne pas la roue en ce domaine, enchaînant les situations grotesques et les coups du destin qui sauvent la mise à la dernière seconde. Le film sert même à son auditoire, friand de sensations fortes, quelques mélodrames et tragédies bien placés (la jeune femme prisonnière d'un coffre qui veut que la police remercie sa mère d'avoir été une mère extraordinaire).
Ce qui est le plus dommage dans The Call, c'est principalement que ce film, on l'a vu des dizaines de fois. Cellular de David R. Ellis en 2004 racontait une situation similaire et mettait aussi en scène un enlèvement et un individu complètement impuissant au bout d'une ligne de téléphone. Et il y en a d'autres des films ce type, des oeuvres survoltées qui nous balancent des images de terreur, des cris et des respirations haletantes jusqu'à ce que le spectateur soit saturé. Si l'histoire avait été plus intéressante, moins conventionnelle et prévisible, peut-être que le long métrage aurait pu se démarquer au sein cet amas d'oeuvres équivalentes, mais les dialogues puérils et les tournures attendues en font un autre film bancal que l'on oubliera rapidement, avant même la fonte des neiges.
Le bandit dit à quelques reprises : « C'est déjà fait! », c'est d'ailleurs ainsi que l'opératrice sait qu'elle est en présence du même suspect qui a assassiné une jeune femme avec qui elle parlait il y a six mois, et cette réplique sied parfaitement à cette oeuvre, parce qu'un film comme celui-là, ça a déjà été fait. C'est ce à quoi on ne peut s'empêcher de penser lorsque l'héroïne rétorque cette fameuse réplique à la fin, pour parachever l'absurdité du tableau, brossé avec beaucoup de fébrilité mais très peu de caractère par Anderson.