À la sortie de Playing for Keeps, après avoir regardé Gerard Butler tenter, pendant 106 minutes, de nous convaincre qu'il est un ancien joueur professionnel de soccer et un tombeur invétéré (l'un est plus crédible que l'autre), on se dit « ça aurait pu être pire ». Parce que Playing for Keeps, n'est pas complètement mauvais, comme ce que ses nombreux déplacements au calendrier (comme si on ne savait pas où le mettre pour faire quelques sous avec) et la bande-annonce insipide auraient pu nous laisser croire. Le personnage qu'incarne Butler manque de finesse et de profondeur et les clichés s'enchaînent à une vitesse si effarante qu'on frôle parfois le ridicule, mais il y une légèreté dans la comédie sentimentale de Gabriele Muccino, le genre de légèreté qui sied bien à ce type de film et qui plaît bien aux personnes qui consomment ce type de films.
L'idée d'introduire un has been du monde du sport, un joueur professionnel qui fut un jour acclamé par les foules et qui parcourait le monde en fréquentant les plus luxueuses villas et les endroits les plus chics, aujourd'hui réduit à coacher l'équipe de soccer de son fils, était un bon point de départ pour une comédie romantique. Le problème vient peut-être du fait que cet homme, qui fut un jour un don juan et une idole, tente de reconquérir son ancienne flamme, la mère de son fils; une femme pourtant heureuse, qui est sur le point d'épouser un homme bien et qui semble forcée d'aimer le héros bien plus pour les besoins du scénario que pour des raisons rationnelles et plausibles. Et ce n'est pas que le choix de l'intérêt amoureux qui cloche, il y a aussi toute l'introduction de leur relation passée qui nous est décrite en quelques phrases qui convergent toutes immanquablement vers un cottage en Italie (qu'ils louaient ensemble) dont, honnêtement, tout le monde se fout. Jessica Biel et Gerard Butler ne possèdent pas, non plus, la chimie envoûtante qu'ils devraient avoir.
Le long métrage est aussi mal harmonisé, mal réparti. Peut-être aurions-nous pu écarter l'idée de faire du protagoniste un commentateur sportif en devenir, ce qui alourdit l'ensemble de l'histoire pour ne mener qu'à une anecdote sans intérêt? En fait, on a continuellement l'impression qu'on tangue d'un sujet à un autre sans véritablement tous les assumer. On les exploite en surface et les laissent rapidement en plan.
Le film choisit également de ne pas exploiter ses « aptitudes » comiques au maximum. Des mères célibataires qui s'éprennent toutes du coach de soccer de leur fils et de leur fille et qui tentent par tous les moyens de le séduire auraient entraîné des situations cocasses assez délicieuses, mais le scénario a plutôt choisi de se concentrer sur la relation père-fils et une vieille histoire d'amour qui, probablement, sauront davantage toucher les coeurs romantiques que quelques aventures d'un soir aux terminaisons humoristiques.
Playing for Keeps peut aisément être classé dans la catégorie des poids moyens; un divertissement conséquent pour les amateurs du genre, mais qui ne possède pas les compétences requises pour rejoindre les poids lourds. Et, pas même s'en approcher. Le petit garçon est mignon, le papa aussi, mais le film ne l'est pas suffisamment pour se démarquer et contrecarrer ses adversaires. Un poids moyen qui se défend, mais qui, même au sein de sa catégorie, ne soulève pas les foules.