Le moins qu'un puisse dire, c'est que Jack Ryan: Shadow Recruit laisse une désagréable et persistante impression de déjà-vu. Mise à part cette séquence intense avec une ampoule halogène, il n'y a rien dans ce film d'action à la sauce hollywoodienne que nous n'ayons pas vu mille fois dans d'autres productions du même genre. Les terroristes (russes cette fois), la CIA, le FBI, la bombe, le mentor et son jeune et bel apprenti; on en a soupé! Ces éléments ne sont plus suffisants. Le public a besoin d'une valeur ajoutée (ça ne peut être que la nostalgie d'une franchise passée et des cascades spectaculaires, presque prétentieuses; demandez à Tom Cruise et à Bruce Willis; mais il en faut au moins une).
Cette plus-value aurait bien pu être associée au nom de Tom Clancy, romancier américain apprécié et respecté, décédé en octobre dernier, créateur du personnage de Jack Ryan, mais à aucun moment on ne sent que cette histoire est affiliée de près ou de loin à un grand romancier de son temps. Et c'est plutôt dommage. Dommage pour lui, dommage pour nous. Comme l'auteur est reconnu pour ses textes très documentés et intelligents, on s'imagine que peu d'évènements dans ces bouquins devaient être expliqués par le hasard et la simple coïncidence. Et pourtant, énormément de choses dans Jack Ryan sont justifiées par un bête concours de circonstances, et beaucoup des gestes du héros ou de l'antagoniste (pourtant censé être un soldat hautement qualifié) sont condamnables. Laisser son ennemi pour mort sans vérifier par lui-même, c'est stupide, et ce, même si maints personnages de films le font.
La trame narrative de Jack Ryan: Shadow Recruit est définitivement complexe, mais plutôt que de prendre le temps de nous expliquer adéquatement le contexte, la situation géopolitique du conflit pétrolier et les intentions économiques des Russes vis-à-vis l'Amérique, on simplifie diamétralement l'histoire pour la rendre accessible », pour qu'elle entre dans un respectable 106 minutes. Les scénaristes auraient aussi pu nous épargner des répliques telles que : « Tu n'as pas choisi cette vie-là », « Non, mais je t'ai choisi toi » ; non mais, s'il vous plaît! Un peu d'amour propre! La musique mécanique, le montage calculé et la réalisation terne sont tant d'autres raisons qui nous permettent de confirmer la banalité et la futilité de Jack Ryan: Shadow Recruit.
Chris Pine fait un bon capitaine Kirk, mais un bien piètre agent de la CIA. Peut-être est-ce la direction d'acteurs qui fait défaut, mais personne ne brille dans ce film. Même Keira Knightley qui, généralement, transperce l'écran à chacune (ou presque) de ses apparitions, paraît mal à l'aise dans ce rôle de petite amie du héros et femme en détresse. Kenneth Branagh (également réalisateur) est probablement celui qui s'en sort le mieux à l'écran.
De plus, la bande-annonce suppose des choses qui n'ont aucun rapport dans le film qu'on nous présente (je reste vague pour ne pas gâcher l'expérience à personne). Elle laisse planer un mystère qui n'a pas lieu d'être. Après les bandes-annonces qui en dévoilent trop et celles qui montrent des images qui n'apparaissent jamais dans le long métrage, nous avons maintenant droit aux bandes-annonces qui inventent des intrigues! J'ai peur de la prochaine étape...