Charme, humour, audace : le seul espoir de la comédie américaine. Cette dernière, prisonnière de conventions rétrogrades, s'émancipe de plus en plus avec les Supermalades, Grossesse surprise et autres irrévérences qui se permettent d'aborder des sujets interdits avec des mots malpropres. Cela ouvre toute une panoplie de nouvelles blagues bien servies par des interprètes débonnaires et chaleureux, dont Paul Rudd est certainement l'un des plus polyvalents. Le film contourne certains clichés pour mieux se dévouer à d'autres; on a affaire à un véritable exercice de démythification de la comédie romantique, amorcé déjà l'an dernier avec Oublie Sarah Marshall, qui misait aussi sur Jason Segel et sur cette complicité masculine réconciliée de force avec le cinéma. On dirait du Judd Apatow, mais il n'est même pas au générique.
Peter Klaven est agent immobilier. Il est aussi l'homme idéal, et il vient de demander sa copine Zooey en mariage après huit mois de fréquentations. À la recherche d'un garçon d'honneur, Peter réalise qu'il n'a pas de véritable meilleur ami. Après plusieurs essaies infructueux, il fait la rencontre de Sydney Fife, un bon vivant, tout à fait par hasard et c'est le coup de foudre... en ami.
Le premier tiers du film se perd légèrement en justifications et en présentations assez sommaires de personnages secondaires jetables. Si certains - dont Barry, le mari bourru de Denise - sont de simples prétextes à quelques blagues de vomi de mauvais goût, d'autres permettent de véritables analyses sociales qui, sans insistance, parsèment le récit, l'élevant au-dessus de la moyenne. La justesse des dialogues est aussi désarmante et tellement plus « réaliste » (le mot est risqué, mais tout de même) lorsqu'on utilise les vrais mots. Je ne sais pas ce que ça donne en français, mais parler de pipes avec sa fiancée en voiture, c'est bien plus mature et adulte qu'il n'y paraît. La séquence du toast est d'ailleurs hilarante.
La complicité entre les deux comédiens, Rudd et Segel, fonctionne à merveille, et permet les meilleurs moments du film. Car il faut dire que l'histoire, à peine anecdotique et se résumant à : faire du air guitar, se promener sur la plage, se trouver des surnoms... paraît qu'il y a une maison à vendre? Anyway, cette histoire n'est pas très engageante. C'est bien pour ça que quand il faut accélérer le tempo et mettre un peu de mystère pour terminer le film, ce n'est pas fait avec beaucoup de conviction. Mais comme avec le reste, le film assume, et là ou d'autres films parleraient de la peur de l'engagement, de faux-amis qui vous empruntent de l'argent avant de disparaître, de copines jalouses, J't'aime mon homme s'assure de surprendre le plus souvent possible.
Au final, on admettra que J't'aime mon homme n'est pas la comédie la plus rigoureuse du lot, ni la plus drôle, mais son originalité lui permet d'être une comédie d'exception. Une réalisation sans saveur et quelques flottements l'empêcheront malheureusement de déclasser Supermalades comme premier de classe. Mais il n'en demeure pas moins que le film est réussi.
Le film contourne certains clichés pour mieux se dévouer à d'autres; on a affaire à un véritable exercice de démythification de la comédie romantique, amorcé déjà l'an dernier avec Oublie Sarah Marshall, qui misait aussi sur Jason Segel et sur cette complicité masculine réconciliée de force avec le cinéma. On dirait du Judd Apatow, mais il n'est même pas au générique.