2022 est l'année où les stars incarnent leur propre rôle au cinéma. Après Nicolas Cage dans le divertissant The Unbearable Weight of Massive Talent, c'est au tour de Gérard Lanvin pour le plus quelconque J'adore ce que vous faites.
Découvert au début des années 80 avec Une étrange affaire et Tir groupé, Gérard Lanvin est devenu une institution du septième art français, peut-être pas au même titre qu'un Gérard Depardieu ou d'un Daniel Auteuil, mais se tirant d'affaire dans d'excellents opus sérieux (comme Le fils préféré et surtout Le goût des autres) avant de devenir un peu une caricature de lui-même au tournant du présent siècle.
Le voilà se mettre en scène dans cette fiction où il incarne une vedette qui rencontre de nombreux problèmes sur le tournage de son nouveau film. Non seulement le cinéaste (Antoine Bertrand) s'amuse à changer toutes ses scènes, mais un fan trop attentionné (Artus) lui fait vivre l'enfer.
J'adore ce que vous faites semble provenir d'une autre époque. Celle où la mise en scène accessoire et la musique bon enfant donnent difficilement une personnalité à ce qu'on voit à l'écran. À quoi bon chercher à faire du cinéma si on peut tout miser sur le scénario? Dommage qu'il soit si prévisible, sentimental et moralisateur, cumulant les gags lourds et les dialogues pauvres qui ne font jamais sourire. Un constat que l'on pouvait appliquer aux précédents longs métrages de son créateur Philippe Guillard, du plus moyen (Le fils à Jo) au plus désolant (On voulait tout casser).
Est-ce un hasard si Gérard Lanvin semble autant s'ennuyer? Le spectateur partage sa désolation, son désir d'être ailleurs. Dans ce registre, le comédien est loin d'être mauvais, soupirant et fronçant les sourcils en ayant l'air exaspéré de tout ce qui lui arrive. Pourtant il évolue dans un milieu - celui du septième art - riche en possibilités et péripéties. Personne ne s'attendait à retrouver une variation du classique La nuit américaine de François Truffaut. Sauf que le script aurait pu être plus profond et mordant.
Au lieu de cela, il fait à nouveau appel au tandem mal assorti du nounours renfrogné et de l'idiot sympathique. De ce côté, l'humoriste Artus irrite rapidement tant il n'interprète pas un personnage, offrant plutôt une simple version de lui-même. Sa prestation manque grandement de finition, n'arrivant pas à créer de chimie avec son partenaire de jeu. On est loin de ce que pouvait offrir Pierre Richard dans ses belles années ou de Jacques Villeret dans le mythique Le dîner de cons.
C'est à se demander si on n'aurait pas dû attribuer ce rôle à Antoine Bertrand. Le Québécois aurait apporté plus de charme, de naïveté et de sensibilité à cet être, surtout si l'on se fie à sa solide prestation dans Trois fois rien. On le retrouve plutôt dans la peau d'un réalisateur verbomoteur et caricatural, qui abuse de la langue de bois parce qu'il vient du Canada...
Trop mécanique dans son dispositif (une scène avec le fan suit celle avec le metteur en scène et vice-versa) et dénué d'humour qui fait mouche, J'adore ce que vous faites ne lève jamais, n'ayant strictement rien à dire sur la célébrité et le monde du cinéma que d'étayer des clichés à la tonne. De quoi se surprendre à chanter « Toujours la même rengaine », pour reprendre les paroles du chef-d'oeuvre Les demoiselles de Rochefort.