Comme Hansel and Gretel: Witch Hunters, Hercules entre dans cette nouvelle tendance de donner à des héros populaires un contre-emploi. Malheureusement, personne n'est arrivé à prouver la valeur du concept jusqu'à présent. Même si Hercules est inspiré d'une bande-dessinée, et que donc l'idée d'un demi-dieu mercenaire existait déjà avant qu'Hollywood ne s'en empare, reste qu'elle n'est pas meilleure.
Les personnages qui accompagnent le fils de Zeus dans ses missions périlleuses ne sont pas non plus très riches (ou peut-être n'a-t-on pas eu suffisamment de temps pour les développer et donc nous permettre de nous y attacher?). Un conteur, neveu du héros, qui séduit les femmes en se vantant être de même sang que le grand Hercule, un médium qui connaît la date de son trépas, une amazone garçon manqué, un vaillant soldat et un homme muet trouvé étant enfant sur le champ de bataille; rien pour crier au génie et croire à une possible franchise issue de cette troupe de hors-la-loi (parce que l'idée d'une série a certainement effleuré l'esprit mercantile des producteurs).
Même si logiquement il n'a pas meilleur candidat que Dwayne « The Rock » Johnson pour interpréter un héros comme Hercules, ça ne signifie pas qu'il apporte suffisamment de matière à la production pour l'empêcher de sombrer dans l'absurdité. Le tête du Lion de Némée qu'il porte sur son crâne lors des batailles pour le protéger et intimider l'ennemi ne fait qu'accentuer le ridicule de la chose, et c'est sans parler de ses cheveux longs en bataille et de son goatee qui lui donne l'air d'un chanteur de rock des années 1980. Les autres acteurs ne sont guère mieux que The Rock, mais nous ne pouvons pas leur en vouloir; ils sont pris au piège dans une histoire burlesque qui se veut pourtant dramatique.
Peut-être justement que l'exagération aurait été la solution pour éviter l'échec lamentable de cette histoire portée au grand écran. Des chars, tirés par des chevaux, armés de lames rétractables pour découper l'ennemi sont l'un des forts anachronismes de la production qui entraîne des rires spontanés de la foule. Bien entendu, la parodie n'est pas exactement le ton attendu pour un film d'aventures comme celui-là, mais elle aurait pu être une alternative envisageable, considérant que la tragédie ne fonctionne pas.
Il ne fallait pas être devin pour prévoir l'échec d'Hercules, mais comme l'espoir fait vivre, on aurait quand même aimé être surpris par l'audace d'un film comme celui-ci... Pas cette fois.
Attention à ceux qui iront voir le film en version française. L'oeuvre a été doublée en France et la voix d'Hercule fait davantage penser à celle de Patrick Bruel qu'à celle d'un mercenaire sans pitié. Les expressions françaises pullulent et l'accent guindé de nos cousins accentue considérablement la bêtise du tableau (quoique je ne suis pas convaincu qu'Hercule doublé par Éric Lapointe ou un autre de nos durs à cuire québécois aurait été une meilleure option).