Lorsque j'avais fait la critique de l'épouvantable comédie Date Night en avril dernier, j'avais supposé, en conclusion, que le prochain film de Shawn Levy; Real Steel, ne serait guère mieux que ses oeuvres précédentes; il faut avouer que des robots conçus pour s'affronter dans un ring n'est pas le sujet le plus inventif ou le plus profond qu'Hollywood nous ait proposé. Étonnamment, ce long métrage a plus à offrir que ce qu'il nous le suggère d'emblée. La volonté de la production est sans conteste le divertissement - le but de la plupart des blockbusters nés dans la cité des anges - mais plutôt que d'être simplement un objectif, le divertissement devient vite une thématique. Sans avancer que les intentions de Real Steel sont au-delà du simple désennui (ce serait accorder beaucoup trop de valeur à des robots bagarreurs), le film réussit à développer un point de vue pertinent sur la métamorphose - et l'ironie derrière - ce que l'on considère comme de l'agrément, comme un plaisir récréatif.
Les références à certains classiques de boxe sont ici inévitables et assumées - jusqu'à une certaine limite; parfois les parentés sont si frappantes qu'elles nous déconcentrent. Les Rocky et Raging Bull de ce monde nous traversent inévitablement l'esprit lorsqu'on s'arrête à étudier les fils de l'histoire, mais « le film de boxe » est presque un genre de soi et se doit de respecter certains critères, certaines balises pour être pris au sérieux et considéré par les fans. C'est pourquoi les séquences d'entraînement sur fond de musique épique, les doutes du héros sur ses chances de réussite et l'encouragement d'un allié charismatique ainsi qu'une finale teintée d'espoir et de promesses sont nécessaires à l'élaboration d'une telle oeuvre. Certains passages plus prévisibles - surtout au niveau de la relation père-fils qui frôle parfois le mélodrame - auraient par contre pu être évités pour permettre une meilleure homogénéité du récit, mais dans l'ensemble la trame narrative est solide et ne renferme que très peu de vaines longueurs.
La plupart des effets spéciaux sont impressionnants et persuasifs. Les robots livrent des combats violents, mais toujours fascinants. Comme dans un film de boxe traditionnel on finit par s'attacher à l'athlète, qui est ici en acier et incapable d'émotions, et sommes enchaîné à chacun de ses mouvements et décidé à le voir remporter la joute. Les deux acteurs principaux; Hugh Jackman et Dakota Goyo, qui incarnent le père et le fils, parviennent également à maintenir l'intérêt du public. La relation conflictuelle qu'ils entretiennent est crédible, tout comme leur évolution psychologique. Le désintérêt complet du père au début du récit pour son fils - jusqu'à rentrer dans une salle d'audience en demandant où il devait signer pour ne pas avoir la garde de son enfant - donne le ton à cette histoire légèrement désaxée. On peut aussi remercier au passage la direction artistique de ne pas être tombée dans le cliché du film futuriste avec des autos volantes et des habits en aluminium; seuls les robots dans l'arène sont l'empreinte d'un monde postérieur.
Real Steel accomplit sa fonction première - divertir - avec assez d'assurance et d'éloquence pour atteindre le rang du « bon » film (les guillemets sont nécessaires et significatifs). Peut-être que Shawn Levy aurait pu oser davantage pour permettre à la production de dépasser la limite d'acceptabilité, mais comme un film de Disney se doit de refléter une certaine naïveté, terminons sur cette note positive et laissons les « peut-être » et les « si » se faire détruire par les robots sur le ring.
Sans avancer que les intentions de Real Steel sont au-delà du simple désennui (ce serait accorder beaucoup trop de valeur à des robots bagarreurs), le film réussit à développer un point de vue pertinent sur la métamorphose - et l'ironie derrière - ce que l'on considère comme de l'agrément, comme un plaisir récréatif.
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