Michael Moore est reconnu pour produire des documentaires aux propos tranchants qui choquent et dérangent les hautes instances de la société capitaliste. On se souviendra longtemps de son Bowling for Columbine (2002) qui nous avait beaucoup fait réfléchir sur le port d'armes à feu aux États-Unis.
Voici qu'il revient avec une autre oeuvre-choc. Cette fois, il s'attaque au chef de l'armée lui-même, Donald Trump. Dans ce nouveau film, Fahrenheit 11/9 (en rapport à son précédent succès Fahrenheit 9/11), il tend à démontrer que le Président des États-Unis est un tyran, un homme dangereux qui pourrait mener son pays vers une dictature. Ses comparaisons avec Adolf Hitler sont d'ailleurs plutôt épatantes et dérangeantes. Impossible de ne pas avoir des frissons en voyant ses images de l'oppresseur allemand sur lesquelles on a superposé la voix de Trump.
L'introduction, lors de laquelle on dépeint le triomphe de Trump et la défaite déchirante d'Hillary Clinton, est puissante. La victoire était assurée pour Hillary, ses adeptes avaient déjà sorti le champagne et festoyaient sur des airs populaires quand les statistiques ont drastiquement changé et ont placé le despote de The Apprentice au sommet des classements.
Nous avons aussi beaucoup apprécié ce moment du film où le réalisateur démontre que la chanteuse Gwen Stefani est indirectement responsable de l'entrée de Trump en politique et donc de la misère du peuple américain. Évidemment, tout ça est fait avec beaucoup d'ironie. L'humour de Michael Moore est toujours tranchant et sarcastique, une qualité qui lui permet de se différencier des autres documentaristes.
Il n'y a, par contre, pas que des points positifs au nouveau film de Michael Moore. Certains passages nous paraissent « plaqués », comme si le réalisateur avait couvert certains événements qui lui semblaient importants au cours des années et ne pouvait pas se résoudre à ne pas utiliser ce matériel dans un long métrage. On se demande donc ce que cet épisode de la crise de l'eau potable à Flint au Michigan, bien que terrible, et les manigances du gouverneur Rick Snyder viennent faire dans cette histoire puisque le tout s'est déroulé avant l'élection de Trump...
Malgré quelques inégalités et déceptions, Moore frappe encore un grand coup avec ce projet qui, comme il le dit si bien lui-même, n'ébranlera pas l'administration de Trump, mais pourrait pousser quelques personnes qui s'abstiennent généralement de voter à s'acquitter de leur devoir de citoyen la prochaine fois...