Conduite infernale est un joyeux mélange entre l'autodérision d'un Piranha 3D et la désinvolture effrontée d'un Death Proof; une hybridation qui peut aisément vous donner la nausée si vous ne l'approchez pas avec le bon esprit. S'apparentant à une oeuvre de série B (mais munie d'un budget disproportionné : 50 millions $), ce film de Patrick Lussier dérange à tous les niveaux : le sang, les membres disloqués et les corps écartelés émergeant de l'écran (parce qu'évidemment, grâce à la magie du 3D, les organes sanguinolents nous arrivent droit au visage), le langage vulgaire ainsi que les innombrables évocations sexuelles abreuvant continuellement les dialogues (souvent vides) des personnages. Lorsqu'on l'aborde avec irrévérence et légèreté, le long métrage peut nous sembler suffisamment réussi pour mériter la dizaine de dollars qu'il coûte, mais, soyez-en conscient, il faut être dans le bon état d'esprit, impudique et libertin, pour contenir et apprécier la hardiesse de cette production audacieuse.
Milton s'échappe des enfers pour sauver sa petite-fille qu'un écervelé, gourou d'une secte satanique, a décidé de sacrifier un soir de pleine lune. Pour l'aider dans sa quête démoniaque, il s'associe à une jeune serveuse au fort caractère, Piper, et ensemble, ils parcourent les États-Unis pour retrouver l'illuminé et l'empêcher d'assassiner l'enfant.
Même si on a dit (moi y compris) de biens mauvaises choses sur les performances limitées de Nicolas Cage au grand écran et ses choix de projets douteux, l'acteur américain (qui a plus de 66 films à son actif) se débrouille généralement bien dans le rôle de cet homme désespéré de sauver sa descendance au point de s'échapper des Enfers et risquer de soulever la colère de Satan. La sévérité et l'imperturbabilité (sauf dans de risibles situations affectives) de son personnage donnent au récit son ton cinglant, indispensable à son efficacité. Les vertus d'Amber Heard en héroïne d'action sont également indiscutables. Son interprétation, souvent décalée et rafraîchissante, permet de garder l'intérêt du spectateur malgré l'ineptie qui entoure l'histoire.
Le scénario n'est qu'une excuse pour des cascades spectaculaires, des tueries sauvages et quelques scènes érotiques - c'est un fait accepté par le public dès son entrée dans la salle de cinéma - mais l'irrégularité de ses intentions nuit, surtout en deuxième partie, à son efficacité actantielle. Dès la seconde moitié du récit, on tente d'expliquer plus en détail l'acharnement du protagoniste, développant ses valeurs familiales et ses regrets passés. Le film devient alors teinté d'un sentimentalisme, d'une émotivité incohérente avec l'arrogance volontaire qui baignait l'oeuvre jusqu'alors.
Les effets spéciaux sont généralement (j'insiste sur le « généralement », puisque certains sont bâclés) bien réalisés et la condescendance générale du long métrage est conservée jusqu'à la fin, malgré quelques élans affectifs injustifiables. Si vos intentions se limitent à être diverti et amusé (parce qu'il faut avouer que certaines scènes sont si invraisemblables qu'elles nous font rire), Conduite infernale s'avère un choix judicieux, mais si, au contraire, votre rationalité vous force à juger l'inconcevable, tenez-vous loin de ce film vulgaire et - volontairement! - insignifiant.
Conduite infernale est un joyeux mélange entre l'autodérision d'un Piranha 3D et la désinvolture effrontée d'un Death Proof; une hybridation qui peut aisément vous donner la nausée si vous ne l'approchez pas avec le bon esprit.
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