Conçu exactement comme un jeu vidéo avec ses niveaux, ses tableaux et ses méchants à la puissance croissante, Conan the Barbarian démontre - avec beaucoup de conviction d'ailleurs - ce que le cinéma doit éviter d'être s'il ne veut pas devenir complètement désuet dans un proche avenir. Car en plus d'être prévisible, parfois tout simplement ridicule, et de s'inspirer du jeu vidéo, Conan The Barbarian propose une « intégration », à travers la technologie 3D, complètement inutile encore une fois. Ce qui fait qu'un film comme celui-ci pose la question (sans doute sans le vouloir) : qui préférera une intégration intermittente à l'intégration complète que proposera bientôt le jeu vidéo?
Visuellement, on sent que le travail a été bien fait. Les décors et les costumes sont très compétents même si rien dans ce monde imaginaire n'est très logique (comment ils font pour avoir de la glace?). Mais peu importe, le dépaysement est réussi. Ce n'est pourtant pas suffisant - être juste « beau », ce n'est jamais assez - alors que le scénario propose plusieurs des revirements les plus sur-utilisés au cinéma. Il faut y ajouter la scène de sexe la plus ridicule depuis longtemps et on a Conan the Barbarian, un film qui semble venir d'une autre époque.
Il n'y a rien à espérer du récit d'un tel film, résolument conventionnel et stéréotypé, dédié aux lieux communs, qui propose la même équation de la vengeance que tous les autres films de ce genre suite à la mort du père. On ne se demande pas non plus si le héros va séduire la fille, s'il va vaincre le méchant, s'il va sauver le monde, on le sait, et on le sait trop bien. Quel est donc l'intérêt? Pas les dialogues, d'une simplicité accablante, ni les performances des acteurs, tonitruants. Pour les batailles? Peut-être, mais ça fait beaucoup de distractions autour de quelques bonnes bagarres.
On a bien saisi le personnage et on sait quoi en faire; Conan n'est pas très compliqué. Voilà un vrai homme, tout simplement : il n'a peur de rien, se bat sans arrêt, sauve les filles qui ont les seins nus, boit sans se saouler, séduit la fille, venge son père. C'est sûr qu'on va prendre pour lui (Go Conan Go!) et c'est certain qu'il va gagner. Quel est donc l'intérêt de le suivre pendant deux heures? D'autant qu'on ne peut pas participer : on ne peut évidemment pas contrôler les actions du héros. C'est pratiquement la seule différence d'avec un jeu.
Même la violence, ludique, se rapproche davantage du slasher que du cinéma, alors que les scènes de combats sont sanglantes et brutales et très peu stratégiques. Au début, on y voir une certaine audace, une sorte de traitement « adulte » (qui est un soulagement) à un film qui aurait très bien pu s'adresser aux jeunes garçons. Non, heureusement, la violence est assez graphique pour voir qu'on a pris sa responsabilité au sérieux et que les artisans ne sont pas incompétents. C'est dans sa définition que Conan the Barbarian faillit : voilà le remake nostalgique d'un film qui a connu le succès dans les années 80 qui ne semble pas comprendre les changements sociologiques qui ont eu lieu depuis.