Chantez... c'est probablement la seule chose qu'on se souviendra de ce film d'animation; la musique. Mais, comme celle-ci fait partie intégrante de l'histoire et que le long métrage nous a été vendu avec quelques refrains accrocheurs, on a un peu moins de mal à accepter la simplicité alarmante du scénario et la pâleur des personnages.
Sing nous apparaissait pourtant comme une oeuvre candide exemplaire que petits et grands auraient appréciée, mais il ne faut pas toujours se fier aux apparences...
Difficile de savoir à qui exactement s'adresse Sing, car on a souvent l'impression que c'est aux touts petits enfants qu'on a envie de parler alors que des thématiques plutôt lourdes, comme des problèmes de dettes de jeu ou de faillite, nous sont lancées aux visages sans trop de préambules.
Les personnages sont tous - ou à peu près - de navrants stéréotype : l'adolescente rebelle qui joue du rock, la mère à la maison qui se prive pour ses enfants, mais qui décide un jour de prendre son destin en mains, la jeune timide qui est terrorisée à l'idée de monter sur scène, mais qui s'avère posséder la voix la plus extraordinaire de toutes, et j'en passe. Au fond, ce n'est pas le cliché qui dérange le plus... nous sommes dans un film pour enfants, le cliché est presque la norme, c'est davantage l'accumulation qui finit par agacer.
D'ailleurs, le nombre de protagonistes est trop élevé pour que le public s'identifie à l'un d'entre eux. Le film nous fait passer d'une histoire à l'autre à la vitesse de la lumière, sans nous laisser le temps d'apprendre à connaître ces chanteurs hétéroclites. Ainsi, les plus jeunes spectateurs perdent le fil, puis l'intérêt. Heureusement, ils sont rapidement ramenés à bon port par un numéro coloré de chant et de danse.
Réunir sur une même trame sonore des titres d'artistes comme Taylor Swift, Stevie Wonder, Queen, les Gipsy Kings, Cat Stevens, Elton John et Leonard Cohen étaient un tour de force spectaculaire qu'on ne peut qu'applaudir. Ces pièces magistrales interprétées par des cochons, des éléphants, des souris, des porcs-épics et des gorilles ont une portée bien différente et on ne peut que s'en réjouir.
Au contraire des Trolls, les chansons n'ont pas été traduites ici. Dans la version française, nous entendons les voix des acteurs originaux (Scarlett Johansson, Reese Witherspoon, Taron Egerton), ce qui est loin d'être une mauvaise chose, comme les comédiens ont une voix superbe et expressive. On se rappellera aussi que dans les Trolls, les paroles des chansons avaient des répercussions sur l'histoire, ce qui n'est pas le cas ici.
La compagnie Illumination Entertainment (mère des Minions) a l'habitude de créer des personnages attachants qui marquent les mémoires pour longtemps. Il semblerait bien que l'entreprise n'a pas fait aussi bien que d'ordinaire avec son Sing qui manque de cette magie communicative qu'on retrouve derrière la franchise Despicable Me et The Secret Life of Pets.