Il ne faut pas s'y méprendre : la comédie sentimentale Home Again est prévisible, convenue dans sa forme et son propos et nous sert la même rengaine d'amour salvateur que mille autres productions avant elle. Mais (parce qu'il y a un « mais »), sa formule usée et son ton candide s'avèrent assez efficaces dans sa mission vivifiante. On ressort de la salle avec le sourire aux lèvres. Bien entendu, cette seule condition n'est probablement pas suffisante pour les cinéphiles aguerris qui recherchent l'art ou le divertissement intelligent, mais pour ceux celles (ne nous leurrons pas) qui n'attendent qu'un petit baume sur leurs égratignures du quotidien, le film Home Again est une consécration.
Par contre, pour se qualifier dans la catégorie des « films de filles mémorables », il a encore des croûtes à manger. Nous sommes ici bien loin de l'humour désinvolte de Crazy, Stupid, Love ou de l'originalité emballante d'un (500) Days of Summer. Home Again fait partie des productions thérapeutiques oubliables, dont les défauts sont difficilement négligeables. On est d'abord irrité par ses nombreuses séquences de liaison entre deux scènes pour montrer que le temps passe; il y en a énormément et ça finit par devenir agaçant. Il y a évidemment aussi la prévisibilité de l'intrigue qui dérange. Dès les premières minutes du film, le spectateur est en mesure de prédire la conclusion. On aurait aimé être confondus dans nos prédictions. La trame sonore et la narration en voix hors champ nous démontrent les intentions de la réalisatrice (Hallie Meyers-Shyer) de se rapprocher un peu du style de Woody Allen. Malheureusement, le pastiche n'est pas convaincant.
Les trois jeunes acteurs qui interprètent les nouveaux colocataires du personnage de Reese Witherspoon collent parfaitement au genre de la comédie romantique. Séduisants, charismatiques et badins, ces garçons sans-le-sou séduisent rapidement le cinéphile, malgré l'absurdité de certaines situations qu'ils sont amenés à vivre. Pico Alexander, qui joue l'intérêt amoureux de la protagoniste féminine, a la carrure du héros des films sentimentaux, même si on ne l'a pas beaucoup vu au grand écran jusqu'à présent (probablement est-ce là d'ailleurs un atout pour le comédien, qui peut nous faire croire d'autant plus à son personnage de jeune réalisateur ambitieux).
Planter cette histoire dans un Los Angeles moderne et ingrat nourrit aussi efficacement cette histoire d'amour entre deux adultes ayant plus de douze ans d'écart d'âge. Le scénario manque, par contre, de structure et caractère. On a l'impression d'avoir déjà vu ce film tellement les conjectures sont conventionnelles et les techniques classiques. Mais, rappelons-le, tout cela n'a pas d'importance si vos ambitions sont purement thérapeutiques.