Jerry Bruckheimer a visiblement mis le doigt sur quelque chose cet été. Après avoir ramené ses mauvais garçons floridiens campés par Will Smith et Martin Lawrence pour un quatrième tour de piste, le vétéran producteur aura permis à Eddie Murphy, moins d'un mois plus tard, de renouer avec son personnage iconique d'Axel Foley, trente ans après sa dernière enquête cinématographique.
S'aventurer sur le terrain miné de la nostalgie représente toujours un certain risque. C'est pourquoi la plupart des suites tardives ayant vu le jour ces dernières années ne se sont souvent contentées que de jouer de prudence, et de plonger tête première dans un bassin bien rempli de références et de clins d'oeils à l'épisode original.
Beverly Hills Cop: Axel F., du nouveau venu Mark Molloy, ne fait aucunement exception à cette règle. L'intrigue est tout ce qu'il y a de plus convenue, les moments de retrouvailles et les scènes calquées sur celles de du premier opus abondent et tout est axé sur le grand retour du comédien.
Et bien franchement, l'ensemble est livré avec suffisamment d'entrain et de bonne volonté pour mériter qu'on lui accorde deux petites heures de notre temps.
Ce quatrième épisode débute du côté de Détroit, dans une séquence haletante mélangeant hockey, excellentes blagues sur le niveau surélevé de rectitude politique dans lequel nous pataugeons actuellement, et une course poursuite impliquant des bagues de la Coupe Stanley, une déneigeuse municipale et quelques VTT.
Par la suite, le personnage titre est forcé de reprendre le chemin de la Californie pour venir prêter main forte à sa fille Jane (Taylour Paige), une jeune avocate dont la vie a été menacée après qu'elle eut accusé de corruption un policier décédé en service.
Les retrouvailles père-fille ne sont évidemment pas de tout repos, les deux principaux intéressés ne s'étant pas adressé la parole depuis des années. Jane accepte néanmoins de prêter main forte à son paternel pour retrouver la trace de Billy Rosewood (Judge Reinhold), qui a disparu alors qu'il tentait d'aider Jane dans son enquête.
Dans un premier temps, il est plutôt cocasse de voir à quel point Eddie Murphy a à peine pris une ride en trente ans, comparativement à ses covedettes de l'époque chez qui le passage du temps a laissé des traces beaucoup plus évidentes. Du coup, lorsque son supérieur reprend à sa façon le traditionnel « on est trop vieux pour ces conneries » de la série Lethal Weapon, il est un tantinet difficile d'appliquer la réflexion au protagoniste.
Autrement, Beverly Hills Cop: Axel F. est l'affaire d'un Eddie Murphy en grande forme, travaillant admirablement bien avec l'ensemble des comédiens du film, vétérans comme recrues, et plus particulièrement avec Taylour Page, avec qui l'acteur forme un duo aussi drôle et efficace que touchant.
Évidemment, Mark Molloy et son équipe ne se gênent pas pour nous ramener constamment au classique de 1984, ressortant les mêmes plans, les mêmes répliques et les mêmes pièces musicales emblématiques dès qu'ils en ont l'occasion. Ceci étant dit, Mollow parvient du même souffle nostalgique à ramener le genre à une époque où le rythme était beaucoup plus lent et moins hyperactif, ponctuant son intrigue de scènes de dialogues qui - malgré leur qualité - n'auraient pas forcément survécu au montage d'une production plus moderne.
Si certaines séquences laissent tout de même paraître un manque de finition, Beverly Hills Cop: Axel F. accomplit au final ni plus ni moins que ce à quoi nous pouvions nous attendre, proposant juste assez de moments cocasses inspirés, une enquête prévisible mais bien menée, et des scènes d'action ne lésinant pas sur la violence « comme dans le bon vieux temps ».
Au-delà de l'inévitable clash de classes sociales entre les rues de Détroit et les quartiers chics de Beverly Hills, le présent long métrage prend aussi un malin plaisir à montrer à quel point l'un semble avoir perdu tout contact avec la réalité.
Si la popularité de la comédie policière n'est plus à prouver depuis longtemps, celle-ci mériterait définitivement un peu plus d'attention et de sang neuf par les temps qui courent.
En attendant que quelqu'un de sérieux veuille bien s'avancer et prendre la relève pour trouver un juste milieu entre le côté cru d'un Beverly Hills Cop et l'approche plus écervelée (dans le bon sens du terme) d'un 21 Jump Street, Axel F. constitue un amuse-gueule tout à fait convenable - à défaut d'être mémorable.