Avec des géants comme Pixar, Disney, Illumination Entertainment, Dreamwork, le standard des films d'animation est désormais excessivement élevé. Le public a accès à une foule de productions de qualité, destinées à toute la famille. Donc, quand un nouveau joueur tente de percer ce marché d'experts, il se doit d'avoir une proposition particulièrement originale pour se démarquer. Ce n'est malheureusement pas le cas de Ballerina.
Produit en collaboration entre le Québec et la France, le film d'animation utilise les mêmes thématiques usées qu'on retrouve dans la plupart des oeuvres américaines (poursuite de ses rêves, user de persévérance, de confiance en soi, de coopération et d'ouverture d'esprit), mais sans la magie qui leur est généralement associée. Les personnages sont caricaturaux et certains sont agaçants. Victor, l'ami de la protagoniste, tape sur les nerfs dès les premières répliques. Turbulent et explosif, on en vient vite à espérer qu'il quitte l'écran. C'est un peu le même cas de figure avec Rudolph, le prince charmant russe des tutus, mais, comme celui-ci a été pensé pour être désagréable, on excuse plus facilement l'exaspération qu'il génère d'entrée de jeu.
Comme nous avons l'habitude de voir des films d'animation américains traduits au Québec, l'accent français employé ici en agacera probablement plusieurs. L'oreille finit par s'y faire, mais il nous faut quand même un certain temps d'adaptation. Mentionnons aussi que les acteurs français choisis pour donner vie aux personnages sont des adultes. Camille Cottin, qui prête sa voix à la protagoniste, a 38 ans bien sonnés et Malik Bentalha, qui double Victor, a 27 ans, et ça se ressent à l'image. Le spectateur a du mal à croire que ces orphelins sont des adolescents étant donné leur timbre mature. Pour la version américaine, on a choisi Elle Fanning (18 ans) pour jouer l'héroïne et, déjà, la chose semble plus naturelle.
On ne peut pas, non plus, ne pas être agacé par les musiques pop anglophones qui composent la trame sonore. L'histoire se déroule à Paris et en Bretagne en 1879. Demi Lovato et Sia ne sont pas nécessairement les idoles qu'on associe à cette époque. Ballerina emploie aussi un humour très cabotin et préscolaire. On a compris que le public cible était les enfants en bas âge, mais faut-il vraiment qu'il y ait des pets et des rots à l'Opéra de Paris pour que le jeune public soit comblé? J'aimerais croire que non.
Au niveau de la qualité du visuel, Ballerina n'a pas grand-chose à envier aux géants de l'animation, mais il n'y a pas de particularités dans l'image qui excuserait tout le reste. Malgré tous ses défauts, on ressort tout de même de la projection de Ballerina avec l'envie de danser, ce qui nous laisse croire que le film est quand même arrivé à avoir une influence positive sur son public. Celle-ci est, par contre, trop petite pour mériter l'investissement.