J'avais beaucoup aimé le Alice de Tim Burton; coloré, perspicace, débridé et pourvu d'une folie contagieuse, le film avait séduit mon coeur de petite fille cinéphile. Malgré le retrait de Tim Burton pour la suite, j'avais quand même confiance en Disney et en sa capacité de faire rêver. Malheureusement, mes convictions étaient peut-être un peu trop optimistes. Alice Through the Looking Glass ne possède pas la même étrangeté que l'opus précédent. Son scénario décousu et parfois même chaotique empêche l'oeuvre de faire transparaître son ingénuité si profitable.
Dans Alice Through the Looking Glass, l'héroïne s'empare de la « chronosphère » du Temps et voyage à travers les époques du Pays des Merveilles. Ses sauts dans le temps permettent aux cinéphiles de découvrir des versions plus jeunes des personnages; un aspect intéressant de la production. Ses quelques expéditions dans la houle du temps deviennent, par contre, rapidement lourdes pour le spectateur, qui aurait espéré un filon moins extensible, une intrigue mieux ficelée.
« Le seul moyen d'accomplir l'impossible est de croire que c'est possible. »
Ceci étant dit, les décors et les costumes, ainsi que l'ensemble de la direction artistique, sont impeccables. Disney n'a pas non plus lésiné sur l'animation et les effets spéciaux. L'intérieur du château du Temps (avec ses acolytes; les secondes) vaut le détour, tout comme le personnage lui-même, qui est l'une des plus belles surprises du film. Sacha Baron Cohen livre une brillante performance sous les traits de cet être charismatique aux multiples facettes qui en a beaucoup sur les épaules (dans les deux sens du terme...). L'humour légèrement décalé de celui-ci apporte aussi beaucoup à la production, qui a, encore une fois, recours au langage particulier de Lewis Caroll pour séduire son public. Vous serez surpris à quel point il existe des jeux de mots avec le mot « temps »...
Bien qu'on se retrouve à quelques reprises sur le bout de notre chaise à encourager l'héroïne pour qu'elle coure suffisamment vite et échappe à ses antagonistes, le film ne nous permet pas de nous attacher émotionnellement aux personnages et à l'univers. Le Temps possède peut-être cette étincelle attractive qui parvient à accrocher le spectateur, mais les autres protagonistes en sont complètement dénudés (surtout Depp qui, sous son jeu trop gros, paraît blasé et désillusionné).
Alice Through the Looking Glass manque désespérément de merveilles. Qu'a-t-on fait de la magie de Tim Burton? L'a-t-on pastichée sans la comprendre? Ou est-ce la folie de Lewis Caroll qui n'a pas été bien comprise par James Bobin? Au bout du compte, on se retrouve avec une oeuvre mièvre, aux couleurs nombreuses mais pourtant livides qu'on se doit de recaler au rang des suites trop précipitées. Il n'y a que deux livres d'Alice au Pays des Merveilles écrit par Carroll, mais de croire qu'Hollywood ne peut pas en imaginer une autre pour faire perdurer une franchise prolifique serait bien naïf de notre part...