Dans ce qui est maintenant le soubresaut décennal du western - après Tombstone en 1993 - le cinéma américain présente son péché mignon, un western avec des cowboys, des chevaux, des fusils, des diligences et de l'argent à voler. Difficile de rafraîchir un genre qui a connu tant de belles années, alors 3:10 pour Yuma fait le pari que ce qu'il reste de mieux à faire, c'est de ne pas trop s'en éloigner.
Le vétéran Daniel Evans, de retour de la Guerre de Sécession avec une jambe en moins, se porte volontaire pour emmener au chemin de fer le criminel Ben Wade, en échange de 200 $. Il a besoin de l'argent pour rembourser de vieilles dettes et conserver la terre où il élève ses deux fils. Pendant ce temps, la bande de Wade s'est lancée à sa recherche et compte bien empêcher qu'on l'envoie en prison.
Après son incursion dans le monde des biographies filmées (Walk the Line), James Mangold revisite un tout autre genre avec ce remake de 3 :10 pour Yuma, un film qui date de 1957. Dans cette version modernisée, mais pas trop quand même, la tradition du western est magnifiquement respectée par Mangold, qui évite la plupart des fioritures visuelles (fusillades démesurées et explosions disproportionnées) pour se concentrer sur la confrontation entre deux acteurs de génie, Russell Crowe du côté des méchants, et Christian Bale du côté des bons.
Et si on doit avouer que leur performance est, dans les deux cas, digne de mention, certaines opportunitées gâchées justement par ce manque de vision et d'envergure laissent toute la place à Ben Foster (X-Men : L'engagement ultime), dans le rôle de Charlie, pour laisser parler son talent. Il est extrêmement efficace, et étonne davantage que ses deux comparses.
Car ce qui fait le plus défaut à 3:10 pour Yuma, ce sont les thèmes qui sont à peine effleurés. Celui de la religion, particulièrement, qui aurait pu prendre une plus grande place dans ce combat entre le bien et le mal qui prône le pardon et la justice, parfois même en défiant toute logique. Bien sûr, les vertueux sont récompensés pour leurs bonnes actions, mais c'est surtout parce que Mangold signe le scénario. Les quelques clins d'oeil ne satisfont tout simplement pas.
Les imprévus et les revirements de situations sont limités au strict minimum, même si, au fil des confidences, la profondeur des personnages se dévoile finalement. Wade et Evans sont le meilleur matériau sur lequel bâtir un western mature et accompli; ils sont patients, intelligents et ils ne précipitent pas leurs actions. Il sont aussi un peu chanceux, mais ça...
L'excitante scène finale ne manque d'ailleurs pas d'intérêt en tant qu'apothéose de ce film d'hommes, très viril, porté par les talent de ses acteurs principaux. Mangold a tout juste le savoir-faire qu'il faut pour leur laisser toute la place. Le droit chemin n'est pas sans embûches pour lui, même s'il parvient à présenter une aventure palpitante. Son manque d'ambition et son intention de rendre hommage au genre en respectant ses codes les plus simples l'aura finalement rattrapé. Son film n'est pas aussi grandiose et actuel qu'on aurait pu l'espérer. Cela n'en fait pas moins un exemple efficace, et beaucoup plus accessible, de ce qui a fait la pluie et le beau temps au cinéma dans les années 40 et 50.
Un film d'hommes, très viril, porté par les talent de ses acteurs principaux. Mangold a tout juste le savoir-faire qu'il faut pour leur laisser toute la place. Difficile de rafraîchir un genre qui a connu tant de belles années, alors 3:10 pour Yuma fait le pari que ce qu'il reste de mieux à faire, c'est de ne pas trop s'en éloigner.
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