On n'attend rien de moins d'un film de Quentin Tarantino qu'il soit visuellement parfait, d'une violence indécente et appuyé par un scénario riche et réfléchi. Une fois de plus le réalisateur de Fiction pulpeuse ne décevra pas son public. Inglourious Basterds possède tout ce que l'on aime des films de Tarantino, et même plus.
En France, pendant la Seconde Guerre mondiale, Shosanna, une jeune juive qui a vu ses parents se faire assassiner devant ses yeux quelques années plus tôt, se fait passer pour la propriétaire d'un cinéma de la capitale. Elle rencontre un héros de guerre allemand qui décide de présenter un film relatant ses exploits dans son établissement. Pendant ce temps, Aldo et son équipe, les « Bâtards », débarquent en France pour éliminer tous les Nazis présents à la première.
Le jeu des acteurs est brillant. Brad Pitt et Eli Roth sont de prodigieux « bâtards », alors que Christoph Waltz, qui a remporté le prix de la meilleure interprétation à Cannes, mérite ses éloges. L'actrice française Mélanie Laurent et l'Allemande Diane Kruger donnent également de sublimes performances et apportent un aspect féminin substantiel, une image de femmes libérées et redoutables, habilitées à combattre l'ennemi aussi bien qu'un homme.
Construit en chapitres comme la plupart des classiques de Tarantino, le scénario, parsemé d'humour noir, est écrit avec intelligence. Chaque phrase, aussi accessoire soit-elle, semble avoir été pesée, réfléchie, étudiée pour apporter une âme particulière au récit. L'intensité dramatique ne s'effrite à aucun moment; on ne peut prédire la fin, ni même les réactions, parfois loufoques, des protagonistes. Les silences sont tout aussi importants que les dialogues, souvent le mutisme des personnages est plus révélateur que leurs mots.
On ne peut échapper à cette violence extrême qui habite toutes les oeuvres de Tarantino. Mais loin d'être dérangeante, surtout un contexte de guerre comme celui-ci, elle apporte une signature particulière au film, un élément visuel intéressant, cadencée à la narration. Visuellement, Inglourious Basterds caresse la perfection. Ponctuée des principes graphiques qui se retrouvent dans nombre de ces productions, comme l'apparition à l'écran des noms de certains personnages, la réalisation est faite de manière à nous hypnotiser du début à la fin. Les fourmis qui nous grouillent dans les jambes après 153 minutes d'inertie n'auront jamais été si rentables.
Le long métrage comporte tout de même certaines longueurs, certains égarements inutiles. La finale, bien qu'elle parvienne aisément à accélérer les battements cardiaques, s'étire inutilement et alourdit quelque peu le récit, toujours bien rythmé. Bien qu'on ne puisse qualifier Inglourious Basterds de « film parfait », on ne peut réfuter qu'il soit du moins l'un des meilleurs films de l'année. Décadent, immoral et délicieusement « bâtardé », le nouveau film de Quentin Tarantino marquera tous ceux qui se laissent transporter dans son univers déjanté.