Cannes l'avait annoncé en mai dernier, Congorama est un film d'exception, qui porte la marque de son réalisateur et qui devient la meilleure carte de visite de l'année pour le Québec sur la scène internationale. On n'a que des bons mots pour l'homme à tout faire que devient Philippe Falardeau. Un personnage en soi, lui-même ludique, inventif et habile. Des qualités qui s'appliquent toutes à son nouveau film.
On savait, dès 2000, à la sortie de La moitié gauche du frigo, qu'on avait affaire à un cinéaste « spécial »; à l'intelligence aigisée, avec un sens du dialogue très développé et beaucoup de talent pour bâtir une histoire. Le faux-documentaire qu'était ce premier film donnait plus de latitude à l'auteur-réalisateur pour ajuster certains détails et peaufiner sa technique, mais dans Congorama il plonge tête-première dans la fiction pure avec une histoire complexe et menée sur deux fronts, l'un belge, l'autre québécois. Et chaque fois avec la même finesse, il crée un film intelligent et touchant, drôle mais pas simpliste, un film d'auteur populaire, un mélange idéal entre l'intégrité artistique et la conscience commerciale.
Michel est un ingénieur belge, marié à un congolaise et père d'un fils qui ne lui ressemble pas. À 40 ans, il apprend qu'il est né dans une grange à Sainte-Cécile, au Québec, et qu'il a été adopté. Alors qu'il se lance à la recherche de sa famille, il croise Louis Legros, évaluateur de diamants au volant d'une voiture électrique. Une rencontre qui déclenche toute une série de coïncidences surprenantes.
Pas complètement sans défaut, mais ils sont si minimes et si pointilleux qu'on ne saurait trouver quelque chose qui gâche vraiment l'expérience unique de Congorama. C'est cette intelligence qui impresionne - et étonne - le plus; celle qui met en place cette histoire complexe en y incluant un émeu, celle qui passe au-delà des clichés du choc culturel, qui trouve une façon de tout dire sans paraître surréelle, de lier tout le monde sans avoir l'air de sortir tout-droit d'un roman-savon.
Et une bonne partie du mérite revient à Olivier Gourmet et Paul Ahmarani, dans deux performances savoureuses. Ils développent une vraie belle complicité, grâce au respect qu'ils se portent apparemment sur l'écran. Ils sollicitent toute l'attention, assurent l'efficacité comique des dialogues et donnent à leurs personnages des caractéristiques à la fois attachantes et réalistes.
Le réalisateur s'assure le talent d'André Turpin à la direction-photo - et il s'assure en même temps que le plus sérieux compétieur de sa génération ne travaille pas sur un nouveau film - pour créer des images qui ont une vraie belle saveur, une couleur propre et une véritable personnalité pour souligner la force et la justesse du dialogue, et pour porter cette magnifique histoire.
Le film a donc la possibilité d'explorer plusieurs thèmes familiaux, sociaux, et existentiels. Michel et Louis sont des citoyens de leur pays respectif; ils interagissent, apprennent à vivre ensemble et à se connaître. Leur rencontre, d'abord difficile, devient une vraie belle relation d'amitié profonde, et de respect surtout. C'est ce qui devrait se produire avec Congorama, considérant qu'on peut se trouver dépaysé au départ, mais qu'on aura tôt fait d'apprécier à sa juste valeur l'expérience d'un film savant, philosophique, et qui a toute l'invention qu'il faut pour surprendre... et séduire.
Cannes l'avait annoncé en mai dernier, Congorama est un film d'exception, qui porte la marque de son réalisateur et qui devient la meilleure carte de visite de l'année pour le Québec sur la scène internationale. On n'a que des bons mots pour l'homme à tout faire que devient Philippe Falardeau. Un personnage en soi, lui-même ludique, inventif et habile. Des qualités qui s'appliquent toutes à son nouveau film.