Hier, dans le cadre de ma discussion avec Simon Lavoie pour son film Le torrent (que vous pourrez lire en entier lors de la sortie du film, prévue pour le 26 octobre), nous avons parlé des impératifs de la vie. Cela peut sembler un peu vague comme ça, mais il faut vous mettre en contexte : Le torrent dure 2h33. C'est long, tout le monde le sait, incluant Lavoie. Il faut être prêt à voir un film qui dure 2h33 pour apprécier un film qui dure 2h33.
Simon Lavoie est parfaitement au courant, mais pour lui, les avantages surpassent les inconvénients dans ce cas-ci. Or, si le film avait été tourné six semaines plus tôt ou plus tard, s'il y avait eu quelques semaines entre la fin du tournage et le montage (de nos jours, le montage commence avant même que le tournage ne soit terminé), etc., le film aurait sans doute été différent, parce que les événements personnels de la vie influencent le geste artistique. Cela va de soi.
De l'autre côté du processus, il y a le spectateur, donc un peu vous et moi.
Lundi, la projection de Le torrent étaient prévue à 18h30. Le film a débuté à 19h15 environ, après une trentaine de minutes de retard (debout dans la chaleur de la file d'attente), puis des remerciements d'à peu près tous les membres de l'équipe à tous les autres membres de l'équipe, puis après une Carte blanche de Félix Dufour-Lapperrière (assez intéressante au demeurant). Après, 2h33 sur des sièges droits moyennement confortables à côté d'un gars qui avait des borborygmes.
Comme je suis toujours en avance, j'étais donc en ligne pour voir le film dès 18h. La projection s'est terminée à 21h50, donc 3h50 plus tard. Au cours de l'après-midi, j'avais aussi dû attendre près de 40 minutes avant le début de Le grand soir (la projection était prévue à 14h40, elle a bien dû débuter à 15h20). Total : une grosse journée de cinéma, mais aussi d'attente, de retards, de déplacements, etc.
Ça m'a rappelé le Festival de Toronto, que j'ai couvert ici : quelque chose comme 25 films en 10 jours, sans compter l'attente, les déplacements, les textes, etc. Est-ce qu'il est possible que le quatrième film d'une journée bien remplie soit moins « rafraîchissant » que le premier?
Est-ce que si Le torrent avait été le premier film de ma journée de lundi, et qu'il avait commencé à l'heure, il m'aurait paru moins long? La question mérite d'être posée.
Pourtant, toutes ces choses ne font pas partie des films. Ils ne doivent pas les influencer. C'est un peu ça mon métier : faire fi de tout, sauf le film.
Et ça, n'en déplaise à certains, ça veut aussi dire faire fi de l'effort que ses artisans y ont mis, de l'ampleur de la sortie (quatre salles ou 2000?), que ce soit un film québécois ou non... Le film avant tout.
Aujourd'hui, c'est l'occasion de voir Catimini, de Nathalie Saint-Pierre, qui est présenté à 16h50 à Excentris. Tout juste avant, le mystérieux Blancanieves, un film muet qui propose une variation sur le conte de Blance-Neige sis dans le monde de la corrida des années 20. À 14h50 au même endroit.