Avec Robert Zemeckis à la réalisation, Jim Carrey à l'écran et un scénario adapté de l'un des plus célèbres contes de Noël de tous les temps, le public avait de bonnes raisons d'avoir d'importantes attentes. Malheureusement, le film d'animation est bien loin de combler les expectatives et étourdit davantage qu'il émerveille. Le 3D s'avère être la charpente du long métrage, sa raison d'être, et la narration s'éclipse, vaincue, sous les tressaillements stériles d'une caméra imaginaire.
Adapté des écrits légendaires de Charles Dickens, le film raconte l'histoire d'Ebenezer Scrooge, un homme avare et apathique, qui reçoit la visite de trois fantômes lors de la nuit du 24 décembre. Le premier, le fantôme des Noël passés, lui rappelle sa vie avant l'argent; son village, sa famille, son premier amour. Le second, celui des Noël présents, lui fait voir les réveillons de son subordonné et celui de son riche neveu. Le dernier fantôme dévoile ce qui attend Scrooge dans quelques années s'il persiste à vivre dans l'indifférence des autres. Le vieux bougon, troublé et changé par sa nuit magique, finira par apprécier Noël et deviendra un être bien.
Peut-être qu'il y a dix ans un film comme celui-ci aurait marqué l'imaginaire et impressionné les plus sceptiques, mais aujourd'hui, le public a la chance de faire des comparaisons et, du même fait, peut sans peine distinguer les imperfections et les irrégularités présentes à l'écran. Le 3D, qui aurait pu être utilisé pour enrichir le récit (comme lorsque la neige tombe doucement devant les yeux enchantés des spectateurs), est plutôt exploité de manière abusive et inconvenante. Les plans de caméras (une caméra présumée, il va sans dire), souvent en plan large au-dessus des édifices, servent davantage l'effet de profondeur que l'histoire. Optant pour un bon rendement visuel plutôt qu'une narration efficace.
L'histoire, pourtant riche et légendaire, n'est développée qu'en surface. Le personnage de Scrooge, cupide et médisant, se métamorphose si radicalement et dans des situations parfois si absurdes qu'il perd largement en consistance et en réalisme. Il est également important de préciser que ce film s'adresse davantage à un public mature (au moins huit ans et plus) qu'à de jeunes bambins. Les fantômes sont particulièrement effrayants et plusieurs scènes sont bâties autour de situations angoissantes.
Le « motion capture », une technique qui permet de capter les mouvements des comédiens pour les transmettre par la suite à des personnages animés, est travaillé de manière visiblement compétente (Zemeckis a utilisé ce procédé à deux reprises précédemment, soit pour Boréal-Express et La légende de Beowulf). Aucun détail n'a été négligé; les ombres, les reflets, les rides creuses de Scrooge ou les mouvements fluides des fantômes sont tous vraisemblables et éblouissants.
L'idée n'était pas mauvaise (bien que reprendre une histoire qui a été adaptée plus d'une vingtaine de fois à la télévision et au cinéma n'est pas l'invention du siècle), mais après le visionnement on comprend, bien malgré nous, que le récit aurait pu être n'importe quoi sur un fond d'images de synthèse et de troisième dimension. Mais ce n'est pas ces énièmes imperfections qui vous empêcheront d'être envahi par un besoin viscéral à la fin du film d'aller acheter vos cadeaux de Noël.
Le film d'animation est bien loin de combler les attentes et étourdit davantage qu'il émerveille. Le 3D s'avère être la charpente du long métrage, sa raison d'être, et la narration s'éclipse, vaincue, sous les tressaillements stériles d'une caméra imaginaire.
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