Peut-on se permettre de dire qu'un film est bon malgré la stérilité de son scénario, malgré l'abrutissement de son histoire? Toute l'appréciation de TRON: L'héritage repose sur ce questionnement. Les néons, les effets spéciaux éblouissants et la trame sonore compétente sont-ils des arguments suffisants pour écarter volontairement l'absurdité des dialogues et l'illogisme des postulats? Personne n'a la vérité absolue quant à cette problématique. Chacun a sa vision du cinéma et sa manière propre de le consommer. Personnellement, un « trip » visuel et sonore n'est pas suffisant pour me convaincre de la qualité d'un film.
En 1985, Kevin Flynn travaillait sur un projet secret qu'il croyait en mesure de changer le monde moderne. Un soir, après avoir raconté une histoire à son jeune fils, il a disparu et personne n'a jamais retrouvé sa trace. Plusieurs années plus tard, son ancien collègue Alan reçoit un message étrange provenant de son ancien bureau à l'arcade. Sam, son fils maintenant âgé de 27 ans, s'y rend pour découvrir d'où provenait le message. Il est alors transporté dans un univers informatique où les programmes luttent pour leur survie et un étrange personnage, nommé CLU règne sur ce monde virtuel. Sam devra retrouver son père et regagner la réalité avant que les désirs de perfection de CLU se concrétisent.
Vous aurez compris que le plus gros problème de TRON : L'héritage est la bêtise de son scénario. Les répliques futiles et souvent risibles - comme la devise du héros : « Je ne suis pas un programme », dont on ignore la signification sous-jacente (s'il y en a une) - s'enchaînent à un rythme effarant jusqu'à parasiter la cohérence du récit. De nombreuses inégalités et anachronismes (les concepts de gravité et la présence de solution aqueuse dans un système informatique sont d'une absurdité qui dépasse l'entendement) viennent également entraver l'homogénéité de l'histoire, sa logique et son uniformité.
Les références avec le premier film, paru en 1982 - et difficile à écouter de nos jours avec sérieux -, sont multiples et compétentes. On retrouve avec plaisir les motos cybernétiques, les trains de marchandises avançant sur des rayons lumineux, les habits en néons et même la porte géante (dans TRON l'équipement technologique de fine pointe est protégé par une démesurément immense grosse porte, et on en fait - à mon plus grand bonheur - référence dans la suite). Même si Disney n'a pas réussi à pousser la technologie de manière aussi marquante que l'avait fait Steven Lisberger dans les années 80 - principalement parce que le 3D est maintenant assimilé par le public et n'est plus une technique révolutionnaire -, les effets spéciaux qui parsèment le film sont tout de même fort impressionnants. Les courses de moto font preuve d'une aptitude visuelle sans pareil et la cachette de Kevin Flynn, d'un blanc immaculé (rempli d'objets dont on ignore la provenance), donne un aspect ésotérique au personnage.
La trame sonore de Daft Punk s'imbrique, quant à elle, parfaitement au coeur de cet univers informatique. Les harmonies électroniques donnent un aspect décadent et corrompu à ce monde bien différent du nôtre. TRON: L'héritage, au même titre qu'Avatar, est une oeuvre que l'on considérera principalement pour ses prouesses visuelles et ses compétences sonores. On parlera du film de la même manière qu'on parle d'un vidéo-clip; esthétiquement et artistiquement. Mais est-ce suffisant?
Peut-on se permettre de dire qu'un film est bon malgré la stérilité de son scénario, malgré l'abrutissement de son histoire? Toute l'appréciation de TRON: L'héritage repose sur ce questionnement.
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