Synecdoque (nom féminin); figure de rhétorique par laquelle on prend la partie pour le tout, le tout pour la partie, l'espère pour le genre, etc.
Commençons (c'est un ordre). Il faudrait que je parle un peu de l'histoire. Des comédiens. De la musique. De la réalisation. Du scénario. Il faudrait. Je vais leur donner une petite note, des étoiles, et les comparer avec d'autres films complètement différents. « C'est un mélange entre When Harry Met Sally et Luis Buñuel. » C'est ça. Du romantisme éclaté, qui s'inscrit tout à fait dans l'oeuvre.... éclatée... de Kaufman.
Je vais dire que les acteurs (Philipe Seymour Hoffman, Samantha Morton, Michelle Williams, Hope Davis, etc.) sont bons en voulant dire qu'ils m'ont convaincu, moi. C'est moi qui écris; vous trouverez qu'ils sont mauvais peut-être. Mais je rature quand même, j'efface, je corrige. Je serai relu et publié. (On s'en fout de l'histoire.) Il y a un gars, metteur en scène. Sa femme le quitte. Il reçoit une bourse. Il a l'intention de faire une pièce de théâtre « réaliste »; prétention partagée par la grande majorité des créateurs populistes aujourd'hui. Il engage un acteur pour diriger les comédiens qu'il engage. On recherche le vrai; dans les relations interpersonnelles autant que sur scène. Hoffman porte sur ses épaules toute la première moitié du film, sorte de contrepoids ultraconservateur à toute la folie de la deuxième partie. De comédie romantique fade à film-essai éclaté. De la part de Kaufman, on ne s'étonne plus.
Charlie Kaufman est probablement lui-même une mise-en-abîme. Concept par-dessus concept, son film-essai devient un méta-film, une métaréflexion sur le processus créatif - comme il est d'usage chez Kaufman - qu'implique le théâtre de la vie. Son film contient probablement un million de bonnes idées (j'ai arrêté de compter à 494 671) pour autant d' « erreurs ». Mais est-ce qu'on peut vraiment se tromper quand on s'embarque dans une aventure pareille? Je veux dire : est-ce une faute? De goût? De style?
Synecdoche, New York est un brillant exercice de style qui dilue son émotivité à travers trop de trames, trop de personnages et de thèmes trop communs. Pourtant, l'expérience est unique et très attirante pour tout amateur de cinéma. Peut-être qu'un jour - et si c'est le cas on le devra surtout à Kaufman - les mots « vrai » et « faux », « réel » et « fictif » ne feront plus partie du vocabulaire commun.
Une synecdoque n'est pas une métonymie. Ceci n'est pas une critique. La vie, c'est du théâtre, mais ce n'est ni le tout, ni la partie. Nous sommes des acteurs. Charlie Kaufman a un jumeau maléfique qui écrit des demi-scénarios (seigneur que ça m'emmerde les gens qui disent « scénarii »). Lui écrit la deuxième partie, un labyrinthe infini qui repousse inéluctablement la finale comme si c'était une question de vie ou de mort.
- Coupez! On va la refaire.
- Quoi ça?
- On va commencer du début.
Une synecdoque n'est pas une métonymie.
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