Une chose qui me dérange particulièrement au cinéma, c'est la mésinformation; quand une bande-annonce nous promet un film d'action et qu'on nous donne un drame ou, comme dans le cas présent, quand on nous charme avec de belles images animées, mais qu'on nous propose finalement un docu-fiction mélangeant maladroitement action réelle et animation. Walking with Dinosaurs est un film pédagogique. Le long métrage est probablement de meilleure qualité que ces vidéos éducatifs qu'on présente aux élèves du primaire quand la matière qu'ils étudient s'intéresse à l'ère pré-historique, mais n'empêche que nous avons l'impression de nous retrouver sur les bancs d'école en écoutant cet assommant pseudo-documentaire sur les dinosaures.
D'abord, qu'elle n'est pas notre surprise de réaliser que le film débute avec des humains. Jamais nous n'avons mentionné la présence d'acteurs dans ce film dans la bande-annonce, dans le synopsis ou ailleurs (même IMDB, en date de mardi, inscrivait encore que Karl Urban, Charlie Rowe et Angourie Rice ne participaient à la production que par des performances vocales). La portion animation de Walking with Dinosaurs est introduite par deux adolescents et leur oncle archéologue qui partent à la recherche d'ossements de dinosaures en Alaska. C'est par la suite un oiseau pré-historique qui fait office de narrateur et nous plonge dans l'histoire de ce dinosaure du nom de Patchi, benjamin de sa famille. Rapidement, les interventions de l'oiseau deviennent agaçantes. Il sert la fraction éducative du film en nous présentant chacune des espèces de dinosaures que Patchi croise sur sa route et commente (inutilement) les évènements de son unique point de vue. Le héros interagit parfois avec lui, ce qui ne fait qu'empirer les choses.
On ne peut pas dire que l'histoire de ce dinosaure et de ses aventures lors de la grande migration vers le Sud sont suffisamment intéressantes pour nourrir un film d'animation de 90 minutes (il n'a rien pour affronter les Pixar, Blu Sky et Dreamworks de ce monde), mais il aurait peut-être bénéficié d'avoir une portion documentaire moins omniprésente. On nous pousse l'information jusqu'au fond de la gorge pour être bien certain que nous l'avons saisie. On fait même des arrêts sur image et des jeux de mots minables (Patchi est un pachyrhinosaure) pour nous assurer la compréhension de tous (même des très petits). Ce sont peut-être d'ailleurs ces petits petits cinéphiles qui apprécieront le plus ce film... quoiqu'il aurait été encore plus efficace pour ce public à 40 minutes plutôt qu'à 90.
On ne peut, par contre, pas trop critiquer la qualité de l'animation puisque les paysages et les bêtes elles-mêmes sont fort bien dépeints. Le vocabulaire employé dans ce film n'en est pas simpliste non plus (j'ai vu la version française, mais j'imagine que la qualité des mots utilisés n'a pas été haussée à plaisir). On voit qu'il y a eu une recherche sérieuse et que la volonté d'éduquer est ce qui gouverne l'oeuvre dans son entier. Ce n'est pas une mauvaise chose, évidemment, c'est le dosage et la façon d'insuffler les connaissances qui laisse à désirer et qui nuit considérablement à notre appréciation globale du film.
Quand les écoles, dans quelques années, présenteront ce film à leurs étudiants dans un contexte éducatif, et de divertissement, l'oeuvre sera consommée de la bonne façon. En attendant, Walking with Dinosaurs fait un passage (qu'on peut s'imaginer discret) dans les cinémas, tentant de faire quelques sous avant de devenir un outil pédagogique, ce comment il devrait être décrit d'ailleurs.