Il y a de cette notion du cinéma qui implique le respect du spectateur, qui présuppose qu'il faut justifier les gestes posés - au moins dans l'absolu - par une certaine cohérence interne, avec une certaine logique minimale qui requiert, en théorie, un travail de réflexion du scénariste afin d'éviter ce même travail au spectateur. C'est d'autant plus important dans un cinéma qui se réclame du sacro-saint « divertissement ». Que Vin Diesel puisse passer sous un réservoir en feu dévalant une colline avec sa voiture, c'est une chose, mais qu'on bâtisse toute l'intrigue d'un film sur une suite frustrante d'incohérences toutes plus imbéciles les unes que les autres est spécialement audacieux, voire téméraire. Une témérité bien mal placée alors que l'intérêt d'un « film de char », c'est les « chars » et les traînées s'embrassant entre elles, et que ce n'est pas tellement demander que de juste respecter une logique minimale.
Dom et Letty se sont fait une spécialité de voler des camions d'essence sur les routes sinueuses de la République dominicaine. Mais Dom doit bientôt rentrer aux États-Unis, où il se promet de mettre la main sur le trafiquant de drogue Arturo Braga, qui organise des courses de rues afin de trouver les meilleurs pilotes pour transporter sa drogue. Pendant que son ancien ami O'Connor, maintenant membre du FBI, s'est aussi lancé à la poursuite du trafiquant.
La seule véritable course du film, filmée à travers un GPS (!?!) est confuse et sans intérêt. Par la suite, toutes les courses se déroulent dans la noirceur, les nuages de fumée et la confusion la plus totale. Il n'y a pas d'exploit de pilotage ici, et les « oh! » et les « ah! » sont extrêmement peu nombreux, d'autant que les clichés, allant de l'inimitable « c'est déjà trop tard » à l'imbattable « vous êtes suspendu jusqu'à l'enquête », s'accumulent.
Dom, qui est recherché par la police, se cache dans son garage. « Tout le monde te cherche », lui dit son ami O'Connor. Laissez-moi vous dire qu'ils ne cherchent pas tellement fort. Et puis quel espèce d'idiot de trafiquant de drogue va engager cinq pilotes de rutilantes voitures bruyantes pour passer de la drogue à la frontière? Quelque chose de moins tonitruant ne ferait-il pas l'affaire? Et puis ce chargement de drogue qu'apparemment il ne vaudrait pas la peine de médiatiser parce qu'il sera immédiatement remplacé par un autre, pourquoi son propriétaire milliardaire voudrait-il le ravoir quitte à risquer sa vie? À partir de là, les questionnements fusent dans la tête de tout spectateur respectueux du médium cinéma, et franchement, ça gâche un peu du plaisir de voir des belles voitures chères et des filles habillées légèrement (ou est-ce l'inverse?). Soudain, les dialogues semblent plus vides, les comédiens plus mauvais et le scénario plus idiot.
En 2001, le premier film pouvait compter sur des personnages mieux définis et plus crédibles, ainsi que sur une intrigue inspirante. Il n'en reste bien peu de choses. Un ressentiment bien ancré qui se transforme en complicité (à la surprise de tous...) ne vaut même pas le déplacement. Rapides et dangereux, nouveau modèle, est une abréviation du premier qui se convainc elle-même (et toute seule) qu'on gagne la course même en prenant un raccourci. Mais c'est tricher, ça, c'est tricher.