Que ce soit dans le domaine de la mode (Coco avant Chanel), de la politique (JFK), du sport (Ali) ou dans le cas présent, de la littérature, la biographie dramatique est souvent utilisée par les cinéastes pour faire découvrir au public des personnalités méconnues, mais souvent renommées. Malgré de notables longueurs et d'inutiles digressions, Mon amour de Jane Campion, raconte magistralement la vie amoureuse du poète romantique John Keats, décédé de la tuberculose dans la force de l'âge. L'amour dans ce film est palpable, vrai, baigné par l'impulsivité de la jeunesse et l'exaltation qui s'y rapporte.
Au XIXe siècle, John Keats veille sur son frère mourant en banlieue de Londres. Lorsque son cadet succombe à la maladie, John s'installe chez son compagnon Charles Brown. Il s'éprend alors que Fanny Brawne, une jeune couturière ingénue, avide de soirées mondaines. Le couple vit une histoire d'amour passionné et enviable jusqu'à ce que John tombe terriblement malade. Fanny est désemparée, mais tente de prendre soin de son amant, malgré les obstacles que Charles lui impose. Sous les conseils de ses amis qui prétendent que le froid lui sera invariablement fatal, John quitte l'Angleterre pour l'Italie. Le poète John Keats est décédé à Rome le 24 février 1821, il n'avait alors que 25 ans.
Abbie Cornish et Ben Wishaw sont absolument sublimes dans le rôle de Fanny et de John. Les nuances dans leur jeu dévoilent habilement toute la passion, les inquiétudes et la vigueur du premier vrai amour. De son côté, la jeune rouquine Edie Martin, qui interprète avec brio la petite soeur de Fanny, amène un élément comique et candide bienvenue dans cette histoire plutôt tragique.
Les champs de lavande, les étendues olivâtres, les forêts luxuriantes et les habits toujours extravagants transcendent l'illusion cinématographique pour nous transporter dans un réalisme subjuguant. Les couleurs des décors s'harmonisent parfaitement avec les costumes, apportant une perfection déconcertante face à l'authenticité précédente. La caméra de Campion nous dévoile l'individualité des personnages (la solitude du poète face à l'assurance de la citadine), sans omettre l'ardeur de leur proximité. Son talent de réalisatrice, qui a lui valu une présence en compétition à Cannes cette année, se manifeste tant dans la performance des acteurs que dans la justesse des prises de vues. Celle qui a réalisé La leçon de piano en 1993, n'a rien perdu de ses aptitudes cinématographiques.
Le scénario est bien calibré et les textes sont justes et brillants (dont une description éloquente de la poésie en premier tiers) jusqu'aux derniers trois quarts d'heure du film. Dès que John rentre fiévreux de son périple dans la tempête, les toux creuses et les faux sentiments se succèdent à un débit fastidieux. L'amour sincère laisse place à une mélancolie rebutante et amère, noyée sous des poèmes de regrets et de désolation.
Tout comme la poésie, Mon amour est une expérience des sens. Pour apprécier le film, il suffit de se laisser bercer par les mots, laisser au placard le rationnel et concevoir l'amour à sa plus simple expression. Mais cela n'empêchera guère certains spectateurs peu friands de littérature d'être assommés par les poèmes laborieux de Keats et cette allusion récurrente aux élans du coeur.
La caméra de Campion nous dévoile l'individualité des personnages (la solitude du poète face à l'assurance de la citadine), sans omettre l'ardeur de leur proximité. Son talent de réalisatrice, qui a lui valu une présence en compétition à Cannes cette année, se manifeste tant dans la performance des acteurs que dans la justesse des prises de vues. Celle qui a réalisé La leçon de piano en 1993, n'a rien perdu de ses aptitudes cinématographiques.