Il y a deux types de comédies romantiques efficaces; celles qui nous font rêver grâce à des trames narratives excentriques et accrocheuses et dans lesquelles la chimie entre les deux acteurs principaux est essentielle à la réussite du long métrage, et il y a celles, dont fait partie L'échange, qui parviennent à nous toucher au moyen de thématiques authentiques et plausibles, de personnages attachants ainsi que par des blagues - sporadiques, mais - réfléchies et efficaces. Ce n'est pas la complicité (généralement assez froide) entre Jason Bateman et Jennifer Aniston qui fait le succès - et qui renforce la crédibilité - du film, mais bien le lien inespéré que Bateman est parvenu à créer avec sa jeune co-vedette Thomas Robinson. Le regard franc de ce petit bonhomme, ses réflexions enfantines trop matures et ses idées loufoques, parfois névrosées, permettent à cette comédie romantique de s'élever au-dessus de la simple course infernale à l'amour et aux incohérences du destin (pourtant cités comme introduction au film).
L'horloge biologique de Kassie Larson s'affole. Bien que son médecin l'assure qu'elle a encore bien du temps avant de ne plus pouvoir avoir d'enfant, elle décide de faire appel à l'insémination artificielle pour se construire elle-même, sans homme dans sa vie, une famille. La célibataire new-yorkaise trouve donc un donneur et organise une petite fête pour souligner l'évènement. Son meilleur ami, Wally Mars, un être déséquilibré et hypocondriaque, complètement ivre à la fin de la soirée, décide de changer le sperme du donneur par le sien. Sept ans plus tard, quand Kassie, partie élever son fils Sébastien en région, revient en ville, Wally ne peut qu'être stupéfait par la ressemblance physique et psychique entre lui et Sébastien. Alors qu'il avait complètement oublié les détails de cette soirée bien arrosée, il n'aura d'autres choix que de se rendre à l'évidence : Sébastien est son fils.
S'il est difficile à prime à bord de croire qu'un homme puisse être assez ivre et stupide pour remplacer le sperme d'un donneur dans un pot stérilisé par le sien lors d'une soirée - et qu'il l'est encore plus de croire que sa meilleure amie décide de se faire inséminer le jour même -, on parvient à y croire. On y croit parce que l'histoire nous est amenée d'une manière simple et franche, pas par des coïncidences surprenantes ou de jeu incohérent de la bonne fortune, simplement par un être tourmenté - et fortement enivré - qui a posé un geste qui lui semblait légitime dans un moment de panique. Jason Bateman incarne à merveille cet homme spontané et défaitiste qui ne changera pas sa personnalité pour une femme, un patron ou même un enfant.
Bien sûr, certains clichés, qui auraient pu facilement être évités, viennent gâcher cette oeuvre honnête et réaliste. Ces phrases préfabriquées et idiotes du genre « Il est beau, fort, mature, mais il n'est pas toi » et « Je t'aime depuis toujours, mais je n'ai jamais eu le courage de te le dire » étaient peut-être bien mignonnes lorsqu'on les a entendus pour la première fois (... au Moyen-Âge) mais, aujourd'hui, elles font partie des choses qui brisent le rythme d'un film et lui attribuent un caractère impersonnel et facile.
L'échange est une comédie romantique qui se dinstingue, dans lequel l'amour le plus fort n'est pas celui entre les deux meilleurs amis qui se connaissent depuis toujours et s'aiment en secret, mais bien celui entre un petit garçon de 6 ans et son père qu'il vient tout juste de rencontrer. Comme quoi il n'est pas nécessaire d'être drôle et sentimental pour faire une bonne comédie romantique.
Ce n'est pas la complicité (généralement assez froide) entre Jason Bateman et Jennifer Aniston qui fait le succès - et qui renforce la crédibilité - du film, mais bien le lien inespéré que Bateman est parvenu à créer avec sa jeune co-vedette Thomas Robinson.
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