Le générique d'ouverture du film Le royaume donne le ton : il s'agira d'un drame de guerre qui n'a pas peur d'aborder de délicates questions politiques qui peuvent mettre mal-à-l'aise les principaux concernés. Il ne s'agit pas de représenter le bourbier du monde réel - qui s'y risquerait? - mais de généraliser des cas uniques à partir de prémices imaginaires. On ne peut d'ailleurs pas dire que le film propose des explications; des observations, tout au mieux. Et c'est déjà beaucoup.
Après une attaque sauvage de terroristes musulmans dans un camp d'Arabie Saoudite, quatre spécialistes du FBI se rendent sur les lieux pour enquêter. Mais les autorités ne sont pas prêtes à collaborer, et les quatre Américains, des étrangers qui ne sont pas les bienvenus, doivent redoubler d'efforts pour pouvoir travailler et démasquer les coupables.
La séquence d'ouverture, certainement l'une des plus excitantes de l'année, pose déjà les balises de cette guerre ingagnable contre des terroristes qui portent des uniformes de la police. On peut déjà voir le problème, à une époque de méfiance, celle des bulletins de nouvelles télévisés. Très près de Syriana, le film est aussi très habile pour mettre l'humain, en tant qu'invidu, au centre du conflit. Parce que ce sont des pères de familles et des fils qui meurent. Et là où beaucoup d'autres films tombent dans la facilité, Le royaume fait particulièrement bonne figure, en jouant la carte de la famille avec modération. Celle du patriotisme ostentatoire aussi, même si le film est certainement impérialiste et voudrait bien justifier le climat de peur qui règne lorsque l'ennemi est impossible à identifier.
Le réalisateur Peter Berg fait ce qu'il sait faire de mieux, comme on avait pu le voir dans un tout autre registre lors de la sortie de Les lumières du vendredi soir, en 2004; il utilise le son de manière brillante pour déstabiliser et ajouter à la tension dramatique inhérente à la situation précaire des héros. C'est magnifiquement bien fait et particulièrement intéressant à vivre, surtout qu'on risque de n'y voir que du feu tellement les modifications sont subtiles mais efficaces.
Le royaume offre aussi de très sérieuses performances des acteurs principaux. Si Jennifer Garner semble ne pas savoir où donner de la tête, ses collègues Chris Cooper, Jamie Foxx et Ashraf Barhom sont tous excellents dans des rôles exigeants et complexes. Ce dernier pourrait bien se mériter une nomination aux Oscars pour son rôle de soutien.
Excepté la finale, une fusillade assez classique qui clôt le tout correctement mais qui n'a pas l'impact souhaité, la plupart des sujets abordés par le film sont intéressants et révélateurs de leur époque, y compris une certaine parenté visuelle avec l'art télévisuel.
Peut-être pas le film le plus accompli de l'année, mais certainement assez sérieux pour qu'on doive y jeter un coup d'oeil. Le qualifier de drame explosif serait franchement de mauvais goût, alors disons plutôt qu'il s'agit d'un film d'action qui se prend plus au sérieux que la moyenne, et qui est tout à fait pertinent.
Peut-être pas le film le plus accompli de l'année, mais certainement assez sérieux pour qu'on doive y jeter un coup d'œil. Le qualifier de drame explosif serait franchement de mauvais goût, alors disons plutôt qu'il s'agit d'un film d'action qui se prend plus au sérieux que la moyenne, et qui est tout à fait pertinent.
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