Lorsqu'on est obligé d'ajouter de la narration, des sous-titres, d'expliquer plus d'une fois les actions des protagonistes pour rendre l'histoire accessible, il est plus qu'évident que le récit est trop compliqué pour être assimilé par le spectateur novice à l'univers fantastique. On nous entraîne dès les prémisses dans le monde surnaturel du dernier maître de l'air, peuplé de lémure-chauve-souris et d'esprits-poissons, sans nous apprivoiser à ces nouvelles notions - pourquoi le monde est-il divisé en clans relatifs aux quatre éléments? pourquoi celle du feu est la plus dissipée? pourquoi certains citoyens sont des maîtres et d'autres sont impotents?. Beaucoup trop de questions planent toujours à la fin du long métrage pour nous permettre de comprendre adéquatement les tenants du récit.
Il y a plus de 100 ans, la perverse nation du feu a déclaré la guerre aux autres clans qui peuplent le monde humain, soit ceux de l'eau, de l'air et de la Terre. Seul l'Avatar, un être brillant et pacifique, serait capable de sauver les peuples du règne pernicieux de la nation du feu, mais, puisque tous les natifs du clan de l'air ont été éliminés, il y a plusieurs années, pour les empêcher de rétablir l'ordre planétaire, les gens ont perdu foi en la réconciliation universelle. Lorsque Katara découvre un petit garçon avec les marques du peuple de l'air sur le front, l'espoir revient auprès des habitants que le retour de l'équilibre terrestre est encore possible. (Quant établir une cohérente au sein d'un synopsis de quelques lignes est un défi, le film est définitivement trop complexe pour l'assimilation générale.)
Peut-être que les effets visuels et la beauté des paysages auraient pu amortir la lourdeur incongrue du scénario, mais ils ne sont malheureusement pas assez spectaculaires pour nous obnubiler, pour nous faire oublier la confusion et le désordre qui règnent au sein de l'histoire. Le 3D censée amener un élément supplémentaire, un effet de profondeur, au film n'est ici qu'un boulet à l'appréciation des décors. Le port des lunettes assombrit considérablement les images à l'écran et, puisque visiblement M. Night Shyamalan a travaillé les textures et les couleurs des clichés, les séquences plus sombres, plus glauques sont tellement foncées qu'elles distraient et dérangent.
Plusieurs illogismes ou absurdités parsèment le récit et ne font que rebuter le public, pourtant attentif, mais dépassé par des détails incongrus et une narration composite. En plus d'être par exemple, arrêté dans leur attaque par de la poussière ou de se recueillir dans les lieux spirituels à des moments non-appropriés, les maîtres des éléments font des cabrioles, des chorégraphies particulièrement complexes et raffinées pour parvenir à faire poindre l'étendu de leurs talents; soit l'utilisation de leur élément respectif comme d'une arme défensive (mais lorsque tu dois accomplir trois ou quatre figures de kung fu avant de commencer à attaquer ton ennemi, c'est la promesse d'un combat long et laborieux...)
Même si quelques scènes de combats sont bien orchestrées et visuellement impressionnantes, l'entièreté du récit n'est qu'un pénible parcours vers une finale prévisible. Depuis Indestructible, M. Night Shyamalan ne fait qu'enfiler les échecs et ce ne sera malheureusement pas Le dernier maître de l'air qui lui fera regagner la notoriété qu'il avait acquise avec Le sixième sens en 1999. En fait, son plus récent long métrage est à l'image de sa carrière au cinéma : longue, laborieuse, promise à de grands déploiements mais trop souvent accablante.