On ne peut pas s'empêcher d'avouer que The Theory of Everything est un peu cucul avec ses grandes allégories sur l'amour incommensurable et salvateur, et ses comparaisons rationnelles entre le sentiment amoureux et la théorie scientifique. Le film aurait pu aisément être recalé au rang de simple drame romantique si le protagoniste n'était pas un génie, une sommité dans son domaine et un vulgarisateur renommé. Mais au-delà de cette flamme romantique chevaleresque - qui finit d'ailleurs par s'éteindre - le long métrage de James Marsh nous inspire l'espoir, l'optimisme et une forme de courage rarement présenté au cinéma, et pourrions-nous même dire dans la vie. C'est principalement cet héroïsme que nous transmet le film. C'est lui qui nous colle à la peau à la sortie de la salle, c'est de lui dont nous nous souvenons longtemps après le visionnement; ce cran dont a fait preuve cet homme à qui on prédisait une mort imminente et atroce et cette femme qui, même consciente de l'avenir, a choisi de l'épauler. Au-delà de l'histoire d'amour, il y a une histoire de courage qu'on ne peut ignorer, même si on s'efforce ici de nous vendre les bons sentiments et l'amour comme remède.
Malgré cette confusion dans l'importance des thématiques abordées, The Theory of Everything réussit son but principal, celui d'émouvoir et d'ébranler. On a choisi de parler de Stephen Hawking à travers une femme, et probablement que cette avenue en était une appropriée puisque comme le dit l'expression populaire : « Derrière chaque grand homme se cache une femme ». Mais le physicien et cosmologiste est ici un personnage si fort qu'il finit par faire de l'ombre à sa dulcinée. La faute ne revient pas, par contre, à Felicity Jones, qui donne une performance remarquable dans le rôle de cette femme téméraire qui a choisi l'amour au profit de la facilité. Elle livre un personnage auquel le spectateur peut aisément s'identifier, une étudiante en langue qui ne connaît de la science que ses quelques rudiments.
Mais l'honneur de la meilleure interprétation revient invariablement à Eddie Redmayne qui déconcerte sous les traits du physicien britannique. Il aurait probablement été facile de tomber dans la caricature, mais Redmayne incarne Stephen Hawkin avec respect et humanité. Sa dégénérescence est excessivement bien illustrée. Les acteurs ont l'habitude de faire passer les émotions de leur personnage par leur visage et leur corps, mais Redmayne a dû ici apprendre à s'exprimer presque exclusivement avec ses yeux. Ce n'est définitivement pas un défi que tous auraient été en mesure de relever. Eddie Redmayne fait partie des grands comédiens de sa génération.
The Theory of Everything s'étire en fin de parcours, quand l'histoire d'amour s'effrite et laisse place à une nouvelle, à laquelle, bien entendu, on n'accorde que très peu d'importance. La direction artistique et photo ainsi que les costumes, les décors et les maquillages excusent par leur précellence les quelques longueurs de la production. Comme je le mentionnais d'emblée, malgré sa tendance fleur bleue, le long métrage est grandement inspirant. Ce film nous donne envie de croquer dans notre vie et de dépasser nos propres limites. L'enfièvrement que nous transmet The Theory of Everything est un sentiment qu'on ne veut jamais oublier.