L'histoire d'un vieillard grognon qui part en safari en Amérique du Sud n'a rien de très excitant au premier regard. Ça sent un peu le cliché. Vous me dites qu'il part avec sa maison, à laquelle il a attaché des milliers de ballons d'hélium? Qu'il est accompagné par un petit explorateur de 9 ans un peu trop bavard? Je ne suis pas convaincu, on voit déjà arriver la morale. Comment? Vous me dites que Pixar est derrière tout ça? Alors là, j'écoute.
À 78 ans, Carl Frederickson rêve encore de partir explorer l'Amérique du Sud même si sa femme, Ellie, est morte. Lorsqu'un entrepreneur sans scrupules parvient à le faire exproprier, Carl décide d'attacher des milliers de ballons à sa maison et s'envole vers son rêve, emportant avec lui Russel, un jeune aventurier de 9 ans. Sur place, ils découvriront un mystérieux oiseau qu'un autre explorateur, Charles Muntz, cherche depuis des décennies, aidé de ses chiens spécialement entraînés.
L'un des plus gros problèmes du film (peut-être même le seul), c'est qu'il n'y a pas de méchant digne de ce nom. Quelques chiens parlants ne sont pas une réelle menace, d'autant qu'il suffit de lancer une balle de tennis pour les piéger. Ce ne serait qu'un problème mineur si le véritable obstacle à surmonter cette fois-ci, c'est-à-dire soi-même, sa moralité et son courage, était plus près des préoccupations de l'éventuel public de Là-haut. On a déjà vu leçon plus inspirée, et c'est peut-être la raison pour laquelle le film souffre d'une légère baisse de régime dans la deuxième partie.
Les personnages sont bien moins attachants que d'habitude chez Pixar, alors il faut presque exclusivement compter sur les ressorts dramatiques pour maintenir le degré d'attention. Pete Docter, à la réalisation, l'a bien senti et se permet une inventivité rare au niveau des transitions dans le film. C'est très dynamique et le montage initial, qui raconte la vie de couple de Carl et d'Ellie, est un véritable tour-de-force absolument magique. En premier lieu, l'émotion fonctionne presque toujours, mais elle est vite remplacée par quelques blagues flagorneuses sur la vieillesse, la jeunesse (retrouvée) et les chiens. Ce n'est pas tellement vibrant, c'est même parfois un peu mécanique. Mais force est d'admettre qu'il est impossible de prédire où se dirigera ensuite cette folle aventure.
Charles Aznavour aurait pu prendre une voix plus profonde - disons plus vivante - pour incarner le héros, qui apprend bien malgré lui quelques leçons de vie, dont la prise de responsabilités, au cours de cette aventure. Rachid Badouri est plutôt effacé parce que son personnage, le chien parlant Dug, est un accessoire servant à augmenter le FADEM (facteur d'attendrissement des enfants et de leur mère), qui serait sinon assez bas.
Précédé d'un brillant court métrage intitulé Passages nuageux (mais d'où viennent les bébés?), Là-haut demeure un film de grande qualité conçu pour le plus grand nombre. Moins inspiré que certains de ses prédécesseurs dont Wall-E, le film est tout de même à la hauteur de ses ambitions et offre un divertissement de qualité et quelques messages inspirants assez attendrissants. Une oeuvre mineure de Pixar? J'en veux quand même. Les attentes seront comblées.