Le premier J'espère que tu vas bien (quel titre absolument magnifique), produit pour presque rien, avait étonné lors de sa sortie en juin 2012. L'unique plan-séquence improvisé par deux acteurs jouant leur propre rôle avait du charme, de la répartie, de l'invention, mais tombait également parfois dans la redite et les banalités. C'est presque « normal », vu les contraintes (sans que ça ne le justifie...). La suite, J'espère que tu vas bien 2, encore produite pour presque rien, reprend la même formule et fait le maximum avec les balises de son concept... pour à peu près le même résultat.
Après les 90 minutes du premier film et celles-ci, le mécanisme commence à être apparent : des acteurs, en mode écoute, prêts à tout, parlent de tout et de rien en attendant la magie. Parfois ça marche, parfois non. Le tout est si imprévisible qu'il devient prévisible, en quelque sorte : on voit que les acteurs essaient de gagner du temps, de remplir des silences, de lancer des perches à leurs compagnons, et de longues séquences du film tournent à vide.
Contrairement au premier film, on ne ressent pas le portrait générationnel souhaité, peut-être parce qu'on aborde des sujets plus pointus et plus individuels. Ils tournent tout de même autour de l'amour et de l'amitié, mais sont au final plus spécifiques et plus fugaces.
Les comédiens sont extrêmement habiles à travers ce brouhaha. Peu d'acteurs jouent avec autant de conviction que David La Haye et Marie-Chantal Perron, dont le naturel et le charme ressortent à chaque instant. Sylvie Moreau, une improvisatrice expérimentée, est en mode écoute, tellement qu'elle participe peu (significativement du moins) au dialogue entre les deux autres. Richard Robitaille est efficace lui aussi alors qu'il doit jouer un personnage difficile dans un tout autre ton que ses compagnons. Et l'étonnant Hugo St-Cyr est savoureux d'autodérision.
Même impression, donc, que suite au visionnement du premier; une impression de plaisir et d'audace, couplée d'une impression d'inachèvement. Parfois, le contexte ajoute en intensité, parfois non. Parfois les comédiens sont désarmants de véracité et de naturel, parfois non. Le concept l'oblige. Il faut en tirer ce qui en vaut la peine, et oublier le reste. Le mécanisme du plan-séquence improvisé est un défi immense et il est intéressant, surtout pour les acteurs, mais il ne faut pas que ces contraintes arbitraires et auto-imposées ne remplacent la valeur et la cohérence narrative.