Je suis flabbergastée (probablement y a-t-il un terme équivalent en français pour exprimer mon émoi, mais il ne me vient pas tellement je suis bouleversée par ce que je viens de voir). Christopher Nolan l'a encore fait! Alors que je croyais qu'il ne pouvait pas m'étonner et m'impressionner autant qu'il était parvenu à le faire avec Inception, il récidive et avec encore plus d'assurance cette fois-ci. Interstellar est un joyau cinématographique, la raison même pour laquelle le cinéma existe. L'expérience cinématographique, celle qu'on nous vend à grands coups de 3D et de D-Box, est ici plus tangible qu'elle ne l'a jamais été auparavant. Nolan et son immense confiance et respect pour le format IMAX - qui rehausse ici encore davantage « l'expérience » - nous plonge dans une aventure hors du commun qui allie à la perfection art et divertissement.
Encore une fois, Nolan s'est inspiré d'études pour construire sa trame narrative. Il n'a pas uniquement imaginé une histoire, il a imaginé une histoire fondée sur de vraies théories scientifiques, sur des idéaux de savants et des évidences qu'on a tendance à oublier. Son scénario, qu'il a rédigé avec son frère Jonathan, est une merveille, un modèle de rigueur et d'intelligence. Jamais le film ne nous abandonne au profit de quelques dialogues futiles ou d'amourettes superficielles. La médiocrité est bien loin de qualifier le travail de Christopher Nolan. Cet homme est un magicien, un prestidigitateur incroyable qui rive son public à sa chaise pendant près de trois heures sans l'embêter une seule fois.
La qualité des effets spéciaux s'avère d'une précellence indiscutable, tout comme le jeu des acteurs, qui arrivent à nous faire ressentir cette peur du vide et de la fin qui les tenaille tout au long. La genèse du récit se révèle également d'une justesse effarante. On nous a souvent servi cette idée d'une planète en déconfiture et d'une humanité en proie à l'extinction, mais Nolan nous l'a amenée d'une manière digne, comme jamais on ne l'avait encore présentée au cinéma. Et toute cette puissante relation entre un père et sa fille, encore trop jeune pour comprendre qu'il se doit de choisir la survie de l'espèce à son bonheur individuel, est des plus saisissantes. Je n'imaginais pas pleurer à ce point dans Interstellar, je n'étais pas prête à autant de larmes, et pourtant j'ai dû essuyer l'eau qui coulait de mes yeux à de nombreuses reprises tellement l'intensité de quelques scènes est arrivée à m'atteindre droit au coeur.
Nolan prouve ici qu'il ne suffit pas d'un bon scénario, de bons effets ou de bons comédiens pour produire une oeuvre marquante, mais d'un amalgame parfait de tous ces éléments, et d'une maîtrise impeccable du médium (ce qu'il possède indéniablement).
Comme Interstellar joue avec la temporalité, il soulève parfois des questionnements et des remises en question de la part du public. Rares sont ceux qui saisiront chacune des subtilités de ce film à la première écoute. Comme pour Inception, il faudra le visionner plusieurs fois avant d'en comprendre son essence, mais personne n'a dit que le cinéma, même considéré comme un divertissement, se devait d'être simple. S'il n'y a qu'une critique à émettre par rapport à ce chef-d'oeuvre, je parlerais de sa conclusion qui s'éternise et de sa drôle d'approche, mais je n'ai pas vraiment envie de déprécier cette merveille.
La clé de Interstellar se trouve probablement dans la définition même de la loi de Murphy, mais qui a besoin d'une clé quand le spectacle à l'extérieur est si beau...