Il était une fois une princesse qui aimait se faire donner la fessée et s'introduire, à l'occasion, des boules chinoises...
Fifty Shades of Grey et Fifty Shades Darker, tout particulièrement, peuvent être décrits comme un conte de fées soft porn. D'abord parce que l'histoire d'amour cucu nous rappelle les morales mielleuses de ce type de littérature, puis parce que tous les personnages - ou presque - rappellent instinctivement un héros de ces histoires pour enfants.
Anastasia est Belle : une jeune femme indépendante et frondeuse qui aime la littérature et les hommes puissants.
Christian est La Bête : un prince charmant caché par une fourrure de mauvaises décisions et un passé sinistre.
Elena est Ursula : une sorcière jalouse et cruelle (qui a abusé du botox).
Jack Hyde est Le gros méchant loup : un être ignoble qui utilise la ruse et la tromperie pour arriver à ses fins et manger Le petit chaperon rouge.
Et j'en passe.
Il n'y a aucune subtilité dans cette histoire; on sait exactement où la scénariste et auteure de l'oeuvre originale tente de nous amener et on s'y rend avec bien peu de nuances. On abuse des clichés à chaque tournant, nous laissant croire qu'on se trouve en plein coeur d'un épisode des Feux de l'amour. Fifty Shades Darker est d'ailleurs très proche du soap américain; le même genre de renversements incroyables et de personnages abracadabrants.
La sentimentalité qu'on tente de nous brosser ici n'est jamais vraiment crédible. On se demande constamment ce que ce millionnaire adepte du sadomasochisme trouve à cette jeune érudite sexuellement inexpérimentée. Et même chose à l'inverse. Qu'est-ce que cette femme lettrée et indépendante fait avec un homme contrôlant et perturbé comme lui? Les acteurs (Dakota Johnson et Jamie Dornan) ne développent pas non plus une chimie particulière qui nous convaincrait de leurs affinités. On ne sent jamais l'amour. On peut parfois ressentir le désir, l'attirance, mais jamais on ne croit vraiment en leur idylle passionnelle.
Les scènes de sexe - le principal intérêt de cette production, disons-le - ne manquent pas, mais sont parfois tellement risibles qu'on les oublie dans ce dédale de n'importe quoi. Malgré qu'elles soient bien réalisées (un juste dosage entre pudique et obscène pour le grand écran), elles apparaissent burlesques et inutiles la plupart du temps. La scène des boules chinoises dépasse l'entendement. Difficile de ne pas se moquer de cette séquence d'«insertion» (je ne vous en dis pas plus...).
Le premier chapitre, malgré ses nombreux défauts, était bien plus tolérable que celui-ci. Comme il nous reste encore un chapitre avant la fin de cette franchise, on peut s'imaginer que les choses n'iront pas en s'améliorant, surtout considérant ce cliffhanger grotesque à la toute fin...
Spoiler : Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants.