Décider, en pleine connaissance de cause, de mélanger deux genres cinématographiques très différents et éminemment complexes - le western et la science-fiction - était un pari loufoque, pour ne pas dire absurde. Il n'y a probablement que Jon Favreau (réalisateur des deux Iron Man) à Hollywood qui peut convaincre des producteurs de la pertinence, des riches possibilités que renferme une telle idée. Quoi qu'il en soit, certains ont cru - dont Ron Howard et Steven Spielberg - que cette histoire d'extraterrestres qui attaquent le Far West pour de l'or pouvait être rentable.
Un amalgame aussi serré, une hybridation de deux mondes si divergents, qui ont chacun leur mode de fonctionnement et leurs préceptes, peut facilement tomber dans la caricature et perdre aussitôt toute crédibilité. Favreau semble avoir porté une attention bien particulière au réalisme du récit, non pas dans le sens de « plausible » (puisqu'on a pas besoin de beaucoup d'années d'étude pour savoir que des monstres venus d'ailleurs n'ont pas attaqué les cowboys) mais bien dans un esprit de constance, de vraisemblance. Sa réalisation très soignée respecte les balises du récit et nous permet de nous approprier très rapidement cet univers inorthodoxe, tout en nourrissant le mystère qui entoure le personnage principal, amnésique au début de la narration. La trame sonore a également été travaillée de manière à jumeler les deux styles cinématographiques. La musique crée parfois une distance par rapport à l'image, mais plutôt que de rendre les évènements à l'écran insensés, elle leur donne un ton, une couleur particulière.
Les quelques premières minutes de l'oeuvre, baignées d'un silence hypnotisant, sont habilement construites pour éveiller la curiosité du spectateur avant même les premiers mots. En fait, la première moitié du film est narrativement et artistiquement très habile; les personnages nous sont décrits avec éloquence, les situations sont probantes par rapport aux prémisses surnaturelles et les effets spéciaux renforcent l'histoire en lui donnant de l'aplomb, mais lorsqu'arrive la deuxième partie, la cohérence s'estompe au profit des explosions et des monstres gluants. La guerre que les humains - Blancs et Indiens réunis - lancent aux étrangers venus de l'espace nous paraît interminable. Juste au moment où on croit que l'un des deux clans abandonnera le combat, chacun trouve de la vigueur et reprend les altercations.
Certaines failles narratives ou manquements dans le scénario peuvent également déranger le public, pourtant attentif aux explications des différents protagonistes. Par exemple, que les extraterrestres enlèvent les humains pour étudier leurs habitudes est un peu simple comme raisonnement, surtout que, comme le précise l'un des personnages, ils n'ont aucunement peur de nous; et c'est sans parler des individus qui se ressuscitent dans la crépitation des flammes. Daniel Craig/James Bond et Harrison Ford/Indiana Jones livrent une performance respectable, mais sans plus. Les regards complices qu'échangent les deux hommes, pourtant ennemis, et l'efficience de leur collaboration restent par contre l'une des forces indéniables de la production.
Pour ce qui est de l'originalité et de l'individualité, Favreau garde ses lettres de noblesse. Le réalisateur a su prouver dans les dernières années ses aptitudes à diriger et son talent de créateur, de raconteur. Même si Cowboys et Aliens ne possède pas l'ingéniosité et l'esprit rassembleur d'un Iron Man, il n'en reste pas moins un divertissement dynamique et vigoureux.
Un amalgame aussi serré, une hybridation de deux mondes si divergents, qui ont chacun leur mode de fonctionnement et leurs préceptes, peut facilement tomber dans la caricature et perdre aussitôt toute crédibilité. Favreau semble avoir porté une attention bien particulière au réalisme du récit, non pas dans le sens de « plausible », mais bien dans un esprit de constance, de vraisemblance.