On pourrait prendre V pour Vendetta pour un film d'action comme les autres, banal, idiot, mal construit et invraisemblable. Or, comme il ne cesse de le répéter lui-même, il ne faut pas se fier aux apparences, ni d'un galant homme portant un masque, ni d'un dangereux terroriste, ni d'un gouvernement et encore moins d'un film.
On ne peut pas reprocher à V pour Vendetta les mêmes choses qu'aux films d'action habituels. D'abord, on ne peut pas lui reprocher d'être mal joué ou réalisé bêtement. Les acteurs et le réalisateur démontrent un immense savoir-faire et beaucoup d'efficacité. Ensuite, ce n'est certainement pas un de ces films d'action qui n'ont rien à dire et qui sont bâtis autour d'une problématique mince et simpliste et bourrés d'invraisemblances, non, c'est plutôt une oeuvre de fiction qui détonne - et le mot est presque faible - et qui vibre d'une surprenante poésie.
Dans un futur proche en Angleterre, un mystérieux terroriste nommé V et portant un masque de Guy Fawkes sauve des mains d'un vicieux groupe d'agents fédéraux une jeune femme nommée Evey. Il la prend sous son aile, pendant qu'il mène contre le gouvernement totalitaire et manipulateur une bataille de la peur et du contrôle de la masse. Grâce aux médias et à la manipulation, V tentera d'ouvrir les yeux du peuple à la facétie dont il est déjà victime. L'ensemble de son propos est étonnant, mais, et comme il le dira si éloquemment : « Le peuple ne devrait pas avoir peur de son gouvernement, mais le gouvernement de son peuple. » Ça donne le ton.
Comme tous les films d'action pourtant, le film est riche visuellement, à grand déploiement et les diverses explosions et batailles sont filmées une acuité visuelle une l'attitude rappelant La matrice. Pourtant ce n'est pas là l'intérêt principal de V pour Vendetta.
Inspiré en grande partie d'une bande-dessinée d'Alan Moore et de David Lloyd, elle-même inspirée d'un poème sur Guy Fawkes, un soldat anglais qui a tenté de faire sauter le parlement britannique le 5 novembre 1605, V pour Vendetta est un film d'action d'une grande efficacité, ça ne fait aucun doute, pourtant on a vite l'impression que ces scènes sont des prétextes, ou comme des appâts, parce que c'est sous elles, avec son propos et ses vers et à travers le personnage de V que le film prend sa véritable signification. À ce titre, Le film s'avère aussi manipulateur qu'un documentaire de Michael Moore... wow!
C'est bien sûr la performance de V, alias Hugo Weaving, qui retient le plus l'attention bien qu'on ne voit jamais son visage. Avec sa voix et son langage corporel, il crée littéralement bien plus qu'un personnage, il crée presque une idée comme il se plaît à le prétendre. Un personnage qui est riche et qui est philosophe, poète, chef d'orchestre et meurtrier. Un terroriste, nous dit-on. En tout cas un être fascinant, qui porte le film sur ses épaules et les dialogues à un niveau supérieur. Pourtant, Natalie Portman ne laisse pas sa place non plus et donne une âme à un personnage tout aussi intéressant. Quelques fausses notes dans la conviction ne gâchent heureusement pas complètement sa performance d'ensemble.
On reproche à peine les quelques élans romantiques qui allongent inutilement la finale et les quelques erreurs de logique narratives parce que jusque là l'expérience avait été suffisamment concluante pour apprécier entièrement V pour Vendetta. Si les scènes d'action peuvent attirer quelques spectateurs naïfs qui croiront à un film "d'explosions", grand bien leur fait.
N'oublions jamais le 5 novembre pour ne pas nous faire prendre à nouveau, dit le poème, n'oublions jamais le 5 novembre pour nous en inspirer, dit le film. Impossible d'oublier le film, même en voulant très fort.
Vu en version originale anglaise et en version française doublée au Québec.
On pourrait prendre V pour Vendetta pour un film d'action comme les autres, banal, idiot, mal construit et invraisemblable. Or, comme il ne cesse de le répéter lui-même, il ne faut pas se fier aux apparences, ni d'un galant homme portant un masque, ni d'un dangereux terroriste, ni d'un gouvernement et encore moins d'un film.
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