Mel Gibson livre au public sa vision des Évangiles et prend, du même coup, un pari très risqué contre les juifs qui l'accusent d'anti-sémitisme. Avouons-le, c'est Mel qui a gagné.
Pour ceux qui ne le savent pas, Mel Gibson est un catholique extrémiste avoué, membre d'une communauté semblable à celle du Président George W. Bush. Il a fait construire, chez lui, une chapelle, où il assiste, avec ses enfants, à la messe exclusivement en latin. Son film est dans la même veine, tourné en latin et en araméen. À noter que ce n'est pas par hasard si le film sort le 25 février, mercredi des cendres, le jour qui marque le début du carême…
Il apparaît maintenant que ce qu'a vraiment voulu Gibson, c'est de montrer la souffrance du Christ pour racheter les péchés des hommes. En effet, le film ne raconte que les dernières heures du Christ, de la trahison de Judas à la crucifixion elle-même, sans s'attarder outre-mesure à la résurrection de Jésus ou à son ministère pédagogique. Gibson choisit, pour exprimer cette admiration du Christ, de recourir à la violence, extrême il va sans dire. Cependant, il est tout à l'honneur de Gibson d'utiliser cette violence dans un but non pas commercial, mais bien éducatif, la preuve étant qu'aucune des bandes-annonce ne laissait présager un tel sadisme. La séquence de flagellation est particulièrement difficile, et prouve hors de tout doute que Jésus, si divin soit-il, était bien, sur la Terre, fait de chair et de sang.
Au niveau technique, le film est surprenant. D'abord, la langue morte qu'utilise le Christ est bien plus réaliste que, par exemple, un Jésus parlant l'anglais. La performance de Jim Caviezel, en Jésus, est tout ce qu'il y a de plus inspirée et passionnée. Maia Morgenstern, en Marie, est crédible et apporte une touche d'émotion, que certains qualifieront de facile, mais qui reste prenante tout au long du film. Gibson semble très inspiré derrière la caméra, lui qui avait réalisé Braveheart il y a quelques temps, et offre des plans patients, calmes, qui servent à raconter l'histoire le plus fidèlement possible. Exception faite des séquences dialoguées, qui sont des plus communes, la réalisation de Gibson est poétique et effacée, efficace quoi.
Croyants ou non, The Passion of The Christ, vous touchera sans doute. Cette histoire de Jésus est universelle, et qu'il soit question d'anti-sémitisme, encore moins d'athéisme, n'a pas d'importance. Il faut voir, ou plutôt vivre, cette fable extra-ordinaire, bien racontée, merveilleusement jouée et franchement, j'ignore si c'est une bonne ou une mauvaise chose, difficile à oublier.
Mel Gibson livre au public sa vision des Évangiles et prend, du même coup, un pari très risqué contre les Juifs, qui l'accusent d'anti-sémitisme. Avouons-le, c'est Mel qui a gagné.
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