Une autre belle chance ratée de faire d'une histoire banale, habituelle, autre chose qu'un vulgaire suspense tout ce qu'il y a de plus commun. Pas si mauvais que ça, Collatéral déçoit parce qu'il n'exploite pas toutes ses possibilités, une peste qui continue à hanter le cinéma et dont on ne semble pas près de se débarrasser.
Je n'arrive pas à déterminer ce qui ne me plaît pas dans Collatéral, le dernier-né du réalisateur Michael Mann, capable du pire comme du meilleur (Ali et The Insider, dans l'ordre), un cinéaste qui connaît et qui utilise le suspense avec un savoir-faire indéniable, mais qui, cette fois-ci, manque cruellement de conviction. Je n'ai pas accroché.
Ce nouvel exercice de style de Tom Cruise, dans un rôle à l'opposé de ce à quoi il nous a habitués, se parodiant lui-même, tombe souvent à plat. Je ne crois pas qu'il s'agisse de mauvaise foi, il serait plutôt question ici de lacune, un manque flagrant de logique (où est la police dans cette histoire? Certes, on nous présente maladroitement l'enquête menée en parallèle mais elle ne paraît pas crédible crédible) et les scènes s'éternisent, en tentant bien maladroitement d'établir une tension, qui est, de l'avis de votre humble serviteur, mal entretenue à cause, en grande partie, de ces illogismes. Lorsque la police s'implique finalement dans l'histoire, en mettant la vie de plusieurs innocents en danger dans un bar, la suite de gros-plans presque disparates qui tente d'établir cette fameuse tension devient pénible et confuse, et cela n'aide absolument pas à la bonne poursuite du récit. À qui la faute?
Les acteurs demeurent intéressants même si leurs personnages tombent très aisément dans le cliché. Tom Cruise paraît très à l'aise, comme à son habitude, et il crève l'écran à chaque présence, tandis que Jamie Foxx, dans le rôle du chauffeur de taxi bien malgré-lui impliqué dans une histoire de tueur à gages, certainement le personnage le plus stéréotypé du film, il s'implique bien dans le récit, et tous les deux offrent de bons moments lorsqu'ils discutent, et cet aspect aurait sans doute donné à l'ensemble un deuxième niveau fort intéressant, s'il n'était pas gâché par de quelconques séquences de poursuites, entrecoupées à l'occasion par de puissants moments, par exemple dans la boîte de jazz, mais c'est trop peu, trop tard.
La réalisation de Michael Mann, ni bonne ni mauvaise et complètement numérique, ne se démarque pas par son innovation, contrairement à ce que j'avais pu espérer de sa part. Son effort s'avère plus qu'usuel, dans la veine des suspenses contemporains, et cette mode est conçue pour plaire à un public très précis, dont je ne fais malheureusement pas partie. Mais je peux admettre que cela plaise, parce que sa technique reste bonne, et je ne peux pas lui enlever.
Je n'ai qu'une chose à reprocher à Collatéral, et cela expliquera tout, l'âpre goût de déception qu'il laisse dans la bouche, vraisemblablement à cause de la trop grande attente qu'il a suscitée, j'avais presque oublié que la saison d'été n'était pas encore finie. Dans cette optique, Collatéral s'avère un divertissement efficace, estival, mais dont on ne peut nier le savoir-faire, mais dont on aurait pu espérer mieux.
Une autre belle chance ratée de faire d'une histoire banale, habituelle, autre chose qu'un vulgaire suspense tout ce qu'il y a de plus commun. Pas si mauvais que ça, Collatéral déçoit parce qu'il n'exploite pas toutes ses possibilités, une peste qui continue à hanter le cinéma et dont on ne semble pas près de se débarrasser.
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