Avant de commencer, il est important de poser une première balise : Milk est l'un des meilleurs films de la cuvée 2008. Certainement le scénario le mieux construit depuis le début de l'année, le film est porteur d'un message qui peut sembler, au Québec en 2008, dépassé et réactionnaire. Puis, c'est là qu'on se dit qu'un plébiscite tout récent en Californie a retiré le droit aux homosexuels de se marier. Dans les années 70, Harvey Milk a mené le même type de combat et l'a payé de sa vie en s'opposant à la Proposition 6, qui voulait permettre à l'État de renvoyer les enseignants homosexuels et ceux qui les supportent. C'est déjà un film brûlant d'actualité, rigoureusement bien construit et réalisé par un Gus Van Sant conscient de l'impact populaire que devait avoir son film et qui a su retenir ses élans « éléphanto-paranoïaques ». Et on n'a même pas encore parlé de Sean Penn.
En 1978, Harvey Milk et le maire de San Francisco George Moscone sont assassinés par le conseiller municipal Dan White dans leur bureau de la mairie. Plusieurs années auparavant, Milk a emménagé à San Francisco avec son amant Scott Smith et s'est installé dans le Castro, qui est vite devenu le quartier de prédilection de milliers d'homosexuels à travers le pays. Interpellé par la cause et après plusieurs tentatives infructueuses, Milk s'est fait élire à un poste de conseiller municipal et a mené une féroce bataille contre le Sénateur Briggs, qui veut imposer la Proposition 6. Avec son charisme magnétique et la collaboration de la communauté homosexuelle, Milk a forcé une révolution.
Van Sant, qui retourne à un cinéma plus populiste, n'a certes pas perdu la main depuis Good Will Hunting. On pourra sentir ici et là l'envie qui le tenaille de retourner à ses vieilles habitudes, mais le film et le message prévalent toujours et le film demeure conventionnel, pragmatique. Son utilisation d'images d'archives ajoute à cette biographie d'exception ses moments les plus choquants, les plus odieux, dont le seul remède sera l'authenticité d'ensemble de l'oeuvre, qui doit énormément à Sean Penn.
Car il s'agit probablement du plus grand rôle de la carrière de Penn, tout simplement lumineux dans le rôle d'Harvey Milk. Charismatique et déterminé, il faudrait être d'une fieffée mauvaise foi pour ne pas l'aimer, ce personnage militant conscient qu'à tout message à transmettre correspond un récepteur. Van Sant le comprend aussi en évitant la reconstitution laudative d'un homme qui fut l'inspiration - et qui le demeure sans doute - de toute une communauté. On ne le dira pas non plus assez, mais Josh Brolin est également exceptionnel dans le rôle de Dan White.
Le scénario de Dustin Lance Black est un rigoureux travail de concision historique et un savant mélange de scènes extrêmement fortes et d'humour. On n'a pas fini d'être émerveillé par les prouesses de Penn et de Van Sant que le scénariste trouve le moyen, grâce à un opportun coup de fil par exemple, de décupler l'émotivité latente que contient déjà son histoire, et ce, même si sa funeste conclusion est connue de tous. Un travail rigoureux et inspiré qui ne passera pas inaperçu.
Un travail rigoureux et inspiré qui ne passera pas inaperçu.
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