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Propagande.
Le titre de ce film est trompeur: ce n’est pas un documentaire sur l’industrie laitière. C’est surtout un film sur la campagne électorale de Harvey Milk, un candidat ouvertement homosexuel. L’action se déroule en Californie dans les années 70. Je n’ai pas aimé les voir s’embrasser à pleines bouches ou les voir parader avec des barbes et moustaches: cette pilosité faciale ajoutant à leur masculinité. Aucune retenue pour ces activistes. C’est un film qui est dans l’air du temps. J’ai bien aimé Sean Penn pour son implication remarquable en Haïti, mais son personnage gai me déplaisait. J’ai trouvé le temps long: les gentils homosexuels sont violentés par les méchants policiers. C’est de la propagande.
Harvey Milk
On croyait Gus Van Sant rangé du coté des petits films sans prétention produits par des studios indépendants, sauf qu’ici on le retrouve avec Harvey Milk, produit par une des branches indépendantes de Universal., finit donc l’espace d’un film des plongées dans les méandres des vies tourmentées et fragmentées d’adolescents, le réalisateur nous livre cette fois-ci un biopic progressiste comme le marché Américain en raffole, sur un sujet qui a fait couler beaucoup d’encres et de sang: les derniers mois d’un politicien américain qui avait ouvertement affirmé son homosexualité juste avant son assassinat en 1978. Et on se régale aussi de ne pas avoir des têtes anonymes ou des grandes stars, bien au contraire, on a la crème des acteurs du cinéma indépendant à savoir Sean Penn, Josh Brolin, James Franco…ayant tous été transfigurés devant la camera afin de pleinement faire vivre le personnage qu’ils ont investit, on comprend ainsi vu la grandiose interprétation qu’a réaliser Sean Penn, que ce dernier est décroché des prix. Après les expérimentations de ses quatre précédents films, Gus Van Sant signe donc un classique, proche des «prête à tout, Will Hunting…», il traite dans son dernier film un sujet qui parcourt son œuvre, l’homosexualité, la force de ce film réside donc dans son efficacité du scénario, très limpide, tout comme la mise en scène (on ne s’attendait pas à voir quelques choses de compliqués pour un biopic), cela permet de cerner au mieux et avec précision le contexte dans lequel se trouvait Milk pour mener ses combats, Gus Van Sant a donc aussi eu l’idée de ne pas présenter son héros comme un protagoniste sans le surenchérir, l’interprétation donnée par Sean Penn aidant aussi à ça, tant il permet pleinement d’adhérer au personnage qui est tout a fait crédible mais aussi émouvant.
Harvey Milk est pourtant loin du mélodrame consensuel et politiquement correct qu’on avait pu redouter, bien au contraire, Milk fonctionne de façon magistrale avec à la barre des acteurs remarquables et un réalisateur très en forme, montrant qu’il arrive à donner une résultat merveilleux en ayant à la barre un film à plus gros budgets. Il est curieux de savoir que van Sant travaillait sur un projet dont Singer avait aussi entrepris des travaux, bien que ce dernier est pris du retard, il semblerait qu’il veuille toujours réaliser un film avec sa propre version. Faut dire que Van Sant a eu la bonne idée de prendre Sean Penn comme personnage, choix qui se révèlera payant vu la quantité de prix qu’il aura décroché par la suite. Sean Penn grand acteur étant extraverti et recroquevillé sur lui-même et qu’on n’a jamais vu comme ca jusqu’à ce jour. On savait l’acteur très engagé, formule possible qu’il a cherchée et a aussi laissé entrevoir une palette émotionnelle importante. Mais dire que l’on doit la réussite du film qu’a son personnage principal serait mentir vu la prestation d’autres éléments du film: San Francisco, berceau de la culture gay est un personnage a lui tout seule et à part entière, à la manière des polars paranoïaques des années 70 comme Taxi Driver de Scorsese, mais aussi par ce formidable scénario, étant composé d’anecdotes et d’informations toutes aussi passionnantes sur la difficulté d’être différent (aussi bien socialement que sexuellement) dans une époque plus cachant bien son jeu. Gus Van Sant est un des rares cinéastes qui croit en la puissance du septième art, qui grâce à un bon scénario, une belle brochette d’acteurs et un thème fort et universel ne pouvait que donner un résultat tout à fait honorable et pour faire la démonstration que le cinéma populaire et les exigences artistiques demandés étaient compatibles. De plus dans un souci historique et afin de rendre l’histoire encore plus crédible, Gus Van Sant a utilisé des images d’archive ayant été quelques fois retouchés, afin d’y incorporer les acteurs, comme aussi des vraies déclarations provenant de la chanteuse Anita Bryant et qui font assez froid dans le dos, mais grâce à ce film, le réalisateur permet de rendre accessible à un public lambda une culture underground dont certains éléments et faits qui se sont déroulés auparavant n’était pas forcément connus de tous. Et afin de ne pas centrer son film que sur le parcours politique de Milk, le réalisateur décide donc afin de ne pas coller l’image de Milk a un symbole désincarné de conter aussi le parcours sentimental que Milk a vécu, avec la façon dont son engagement politique prend le poids sur sa vie personnelle devenue plus floue que jamais. Le récit commence donc par la rencontre avec son petit ami (James Franco génialissime) dans un couloir de métro et qui lui annonce qu’il ne vivra pas plus de dix ans, c’est un choix du réalisateur que de nous entrainer dans une marche funèbre où chaque jour se vit comme s’il s’agissait du dernier (Milk vivait dans la peur de se faire tuer, c’est pourquoi il a enregistrer des cassettes sur sa bataille), les scènes se suivent avec les mêmes tensions, les mêmes battements de cœur, allant jusqu’au meurtre du héros le tout aidé par le jeu du réalisateur avec des silhouettes des ombres et des lumières…
Si on doit la réussite du personnage principal réside dans la crédibilitépermettant d’être aussi emporté par l’enthousiasme et la sensibilité, celle de son adversaire (Dan White) interprété par Josh Brolin, acteur déjà destiné dans No Country for old Men et W..., est dû à son ambigüité. On pense même durant le film que Dan White est homosexuel ne s’assumant pas car si son opposition aux sujets des idées de Harvey semble cohérente, elles le sont moins lorsqu’il regarde son adversaire qui revendique à la télé les droits pour les homosexuels tout en tenant son enfant dans les bras. A noter aussi que la scène du meurtre est propre à Gus Van Sant qui juste avant l’acte apporte une façon de filmer qui lui est coutumière: filme dans le dos, sons et musiques déformés…
On retrouve aussi les grands termes du réalisateur: la peur de vieillir, l’éternelle soif de jeunesse…qu’il exploite depuis ces débuts. Mais Harvey Milk est à la fois un film racontant une histoire politique que celle d’une histoire d’amour.