Tout est parfait débute sur une image forte. Et tout au long du film, il y en aura d'autres, jusqu'à la conclusion. Une magnifique réponse aux suicides eux-mêmes, présentés sans fausse pudeur. Une finale qui s'applique à montrer le moment d'avant, ou le cadre à côté, alors qu'il était déjà trop tard. Les quelques secondes qui précèdent, alors que tout le monde ne se doute encore de rien. Le réalisateur rappelle d'ailleurs régulièrement que pendant que des jeunes vies humaines s'achèvent abruptement, la vie continue ailleurs, que le soleil brille quand même dans cette petite ville minière qui est comme toutes les villes. Un écho particulièrement touchant au nombre trop élevé de suicides au quotidien dans « la vraie vie ».
Parce que Tout est parfait veut une part dans cette « vraie vie ». D'abord avec des interprètes non-professionnels, Chloé Bourgeois en tête, dont la candeur et la fraîcheur rendent le sujet (un peu) moins pénible. Maxime Bessette, Jean-Noël Raymond-Jetté, Niels Schneider et Sébastien Bergeron Carranza ont aussi des rôles très difficiles, et ils s'acquittent de leur tâche à merveille. La présence de Maxime Dumontier est cependant la grande force du film, une force tranquille, crédible, qui ne se dévoile que lorsque nécessaire, mais en grand. Dumontier donne des frissons parce qu'il partage sa douleur, et le scénario lui fait le cadeau ne pas s'attarder trop longtemps à sa peine afin de ne pas la rendre bêlante et braillarde. Et c'est d'ailleurs le silence qui vit le moment le plus touchant du cinéma québécois depuis un bon moment, seul sur le pont. De la douleur, mais de la douleur d'homme, qui fait mal, et qui se manifeste en fumant une cigarette sur le corbillard qui doit emmener son ami au cimetière, comme pisser du haut du pont duquel son ami s'est jeté. Normand D'Amour est lui aussi cruel d'émotion dans ce rôle de père abandonné - car c'est le mot - par son fils.
La réalisation parfois une peu contemplative ralentit le rythme et éloigne trop cet écho final qui rappelle, oui, Gus Van Sant. Quelques longueurs, quelques répétitions dans la relation exutoire entre Josh et Mia, qui sont la seule petite anicroche d'un film sinon apparemment maîtrisé, tout spécialement dans l'utilisation touchante de la musique, et qui n'a rien d'un premier film.
Modeste et précise, la réalisation pose elle aussi ce regard sérieux sur l'adolescence qui devait habiter Tout est parfait, qui n'est pas à proprement parler un film d'adultes. Ni pour adultes, au fait. Le langage, autre immense défi d'un film mettant en vedette autant d'adolescents, sonne bien à l'oreille, et jamais les jeunes ne semblent être ailleurs que là où ils sont; sur un plateau de tournage, par exemple.
Là où certains films, certaines grandes histoires comme Roméo et Juliette, abordent le suicide de manière romantique comme une finalité (ou une preuve d'amour), Tout est parfait parle des contrecoups du suicide, de ceux qui restent; les parents, les amis, les copines. C'est leur douleur qui est au centre du film, et Josh, leur porte-parole parce qu'il sait, erre dans les rues sans comprendre pourquoi que tout le monde voudrait tant savoir pourquoi. Les spectateurs voudront sans doute « mieux comprendre » ce qui pousse les jeunes à se suicider. Mais il n'y a pas de bonne réponse, elles sont toutes mauvaises et le film le comprend bien; chaque suicide est un drame, chaque mort une tragédie, mais pas pour les morts, pour les vivants.
La présence de Maxime Dumontier est cependant la grande force du film, une force tranquille, crédible, qui ne se dévoile que lorsque nécessaire, mais en grand. Dumontier donne des frissons parce qu'il partage sa douleur, et le scénario lui fait le cadeau ne pas s'attarder trop longtemps à sa peine afin de ne pas la rendre bêlante et braillarde. Et c'est d'ailleurs le silence qui vit le moment le plus touchant du cinéma québécois depuis un bon moment, seul sur le pont. De la douleur, mais de la douleur d'homme, qui fait mal, et qui se manifeste en fumant une cigarette sur le corbillard qui doit emmener son ami au cimetière.