Munich est de ces films actuels qui, derrière leur récit, cachent une critique envers l'Amérique et ses politiques internationales. Un film explosif qui ébranle à la fois par sa mise en scène et par sa distribution monstre. Spielberg signe ici une œuvre mature qui vient achever l'année 2005 avec force.
Le dernier film de Spielberg, Munich, est apparu dans nos cinémas de façon assez silencieuse mais est néanmoins l'un des meilleurs de sa filmographie. Se basant sur des évènements réels, le film offre une prolongation de ce que les médias ont montré sur les évènements de 1972 aux Jeux Olympiques de Munich. C'est donc en compagnie d'un Israélien, Avner, que nous suivons les péripéties d'un groupe de cinq hommes qui n'existent pas, qui ne travaillent pas pour Israël et surtout, qui ne sont pas engagés par le Mossad. Leur mission : éliminer onze palestiniens qui sont en relation directe avec les enlèvements terroristes à Munich. S'en suit d'une chasse aux sorcières assez efficace à travers l'Europe.
Dès le commencement, Spielberg frappe fort avec une réalisation plus dynamique se rapprochant de celle de Saving Private Ryan. Il utilise beaucoup de caméra à l'épaule ce qui amplifie le sentiment de réalité du film. On retrouve également la force de Spielberg, le montage en parallèle, ici utilisé avec brio. Munich est un film très violent. Étant donné la nature du sujet, il fallait certainement s'y attendre. Plusieurs scènes sont d'un réalisme ébranlant, sont très sanglantes et parfois même très crues, voire frigides, ce qui peut déstabiliser. Pensons seulement à cette scène où l'un des terroristes explose dans son lit. La bombe, étant trop forte, fait des ravages jusqu'à la chambre voisine et n'épargne pas une jeune fille. Assez efficace.
Dès le commencement, on introduit les évènements qui se sont produits à Munich. Par contre, le cinéaste a décidé de ne pas en faire le sujet principal du film ce qui est un point intéressant. C'est donc par segments séparés que nous en apprenons plus sur ce qui s'est passé réellement. La majeure partie du film est centrée sur la mission des cinq hommes, tous spécialistes dans un domaine connexe. On se retrouve donc avec un fabricant de bombes (un Mathieu Kassovitz en forme), un falsificateur de papier d'identité, un chauffeur (Daniel Craig), un homme qui s'assure de ne laisser aucune trace et finalement le chef de l'équipe, Avner (extraordinaire Eric Bana), l'homme de terrain qui doit prendre toutes les décisions et assurer les bonnes relations entre les membres de l'équipe.
Le film, qui dure un bon deux heures quarante, réussit avec brio à garder une tension constante. Le scénario, qui n'est pas sans faille, cerne cependant bien l'étendue et la complexité du sujet. Le réalisateur ne pointe personne du doigt et tente de rester objectif dans sa mise en scène. Cependant, à quelques endroits, Munich verse dans le mélodrame et son message pro-juif agace. Il est bien difficile d'approuver les actions du commando, malgré toutes leurs justifications. Toutefois, le cinéaste aborde des thèmes intéressants tout au long de son récit. Par exemple, quel intérêt dans le fait de tuer un terroriste s'il sera remplacé par un autre encore plus cruel et coriace en bout de ligne?
Munich peut être fier d'avoir un casting très impressionnant qui réunit une foule d'acteurs talentueux comme Marie-Josée Croze, Geoffrey Rush, Daniel Craig, Mathieu Amalric, Lynn Cohen, Mathieu Kassovitz et Moritz Bleibtreu. Cependant, celui qui vole la vedette, c'est Eric Bana dans le rôle-titre. Son évolution psychologique du petit soldat pas très expérimenté du début en une machine à tuer est époustouflante. Sa prestation est à l'image de ce conflit et du film, c'est-à-dire déroutante.
Finalement, on peut dire que Munich vient clôturer l'année en beauté avec un film d'un genre de plus en plus à la mode. À la mode dans une année où le cinéma engagé recommence à paraître sur les écrans dans la foulée des évènements découlant du 11 septembre 2001. Pensons à Crash, Syriana ou Good Night, and Good Luck, des films américains qui posent des questions aux Américains. Le dernier film de Spielberg, malgré son sujet passé, est un film très actuel dans son message en apportant des points intéressants qui s'appliquent parfaitement aux conflits présents. On n'a qu'à penser à ces Américains qui aident les terroristes à traverser cette barrière, au tout début du film. Une aide symbolique très éloquente.
Munich est de ces films actuels qui, derrière leur récit, cachent une critique envers l'Amérique et ses politiques internationales. Un film explosif qui ébranle à la fois par sa mise en scène et par sa distribution monstre. Spielberg signe ici une œuvre mature qui vient achever l'année 2005 avec force.
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