Un très beau film sur l'amour. Probablement même plus rigoureux et crédible que plusieurs films romantiques conventionnels. Grâce à la réalisation patiente d'Ang Lee, mais surtout grâce aux deux acteurs principaux qui se donnent une réplique…plus qu'intime.
Souvenirs de Brokeback Mountain s'attaque à un sujet d'envergure : deux cow-boys qui vivent une passion homosexuelle alors qu'ils sont tous les deux assignés à la garde de moutons sur Brokeback Mountain, en 1963. Près de quatre ans plus tard, sans s'être revus, ils s'aperçoivent que la passion est toujours présente même s'ils sont tous les deux mariés et pères. Et, comme ça, plus ou moins régulièrement, les deux vont se revoir et quitter leur femmes pour quelques jours afin de se rappeler comment c'était, et qu'est-ce que c'est que l'amour. Le même amour que dans les films romantiques habituels, cet amour lyrique qui est si difficile à trouver et à garder. Sauf que Souvenirs de Brokeback Mountain n'est certainement pas un film comme les autres, on l'aura deviné, parce que le traitement est plus réaliste qu'à l'habitude, plus simple aussi, et donc drôlement plus convaincant. La réalisation, bien sentie et posée, transporte tout simplement l'émotion à travers l'écran.
Souvenirs de Brokeback Mountain est d'abord un film silencieux. Plusieurs minutes s'écoulent avant que l'on entende un premier mot. Peut-être pour réduire un peu le malaise, peut-être seulement parce qu'il n'y a rien à dire, en tout cas c'est captivant. Plus tard aussi, dans l'immensité des paysages, qui sont évidemment grandioses, c'est le silence qui primera. Les personnages sont laconiques dans leurs paroles, mais éloquents dans leurs gestes. Et leur évolution sur deux décennies en deux heures est impressionnante. Le réalisateur prend surtout de bonnes décisions dramatiques, en créant des attentes qui se renouvellent régulièrement, tandis que les personnages évoluent et vieillissent, tandis qu'ils développent une vie familiale « normale ». Les images sont merveilleusement bien construites et particulièrement profondes, les arrière-plans s'accumulent pour donner cette impression de grandeur que l'on soupçonnait à Brokeback Mountain, le film et la montagne.
Le réalisateur a le courage de le montrer, un peu, cet amour atypique, mais on retiendra surtout la passion qui se dégage de la relation entre Jack Twist et Ennis Del Mar. Toujours très crédible, leur complicité se développe lentement, crée des bases solides, demeure consciente du risque et de la nécessité de montrer les choses telles qu'elles sont, et dont on ne peut que saluer la rigueur et l'efficacité. Et la finale déclenche tout le drame que l'on présumait de cette histoire ingrate, comme toutes les autres histoires d'amour. C'est beau, c'est prenant. Un moment très fort, encore une fois de peu de mots.
Jake Gyllenhaal et Heath Ledger se donnent une réplique très vivante et apparemment franche. L'abandon est total, leur complicité palpable – et il le fallait. Étonnant comme les regards sont plus volubiles que des déclarations d'amour prolixes dans un film d'amour. Un drame où l'amour doit être caché, à cause des autres, de la violence et du mépris. Ce qui explique peut-être le peu de mots. M'enfin.
Espérons seulement qu'on verra les fabuleuses qualités de Souvenirs de Brokeback Mountain avant sa polémique, parce qu'il ne faut vraiment pas manquer ce film.
Vu en version originale anglaise.
Un très beau film sur l'amour. Probablement même plus rigoureux et crédible que plusieurs films romantiques conventionnels. Grâce à la réalisation patiente d'Ang Lee, mais surtout grâce aux deux acteurs principaux qui se donnent une réplique…plus qu'intime.
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