La religion fait partie des tabous de notre siècle. Peu de gens peuvent comprendre aujourd'hui les femmes et les hommes qui délaissent volontairement leur vie sociale et amoureuse au profit d'une vocation divine, d'un appel - mystérieux et déconcertant pour les athées - de Dieu. Micheline Lanctôt a choisi de développer la trame narrative de son nouveau film entre ces murs et ces barrières closes des églises qui soulèvent tant de questionnements et de confusion de nos jours. La trame narrative se déroule dans les années 50, à un moment où les fidèles n'étaient pas aussi méfiants, à une époque où le catholicisme était quasi inné, spontané au sein de la société québécoise. La réalisatrice exploite le sujet de manière respectueuse, presque pieuse. Même si la présentation d'un environnement ecclésiastique est souvent accompagnée d'un jugement, d'une opinion perceptible de l'auteur, Pour l'amour de Dieu fait preuve d'un respect exemplaire qui nous permet d'apprécier le récit sans cet arrière-goût d'endoctrinement.
L'histoire de cette jeune femme religieuse qui éprouve une attirance répréhensible pour un homme qui a lui aussi consacré sa vie à Dieu et a rejeté le plaisir charnel, se révèle grandement intrigante et réussit immédiatement à captiver le public. Le pendant de la fillette, amoureuse du même Dominicain que la soeur, s'avère par contre moins pertinent, moins poignant. L'idée de décrire cette histoire à travers les yeux d'une enfant, naïve et pure, n'était pas complètement incohérente, mais on ne semble pas avoir été au bout du concept. Certaines scènes, très adultes, qui ne sont pas marquées du sceau de l'ingénuité infantile, s'avèrent aussi (sinon plus) percutantes que celles développées du point de vue de la petite Léonie. Peut-être qu'une unité dans le type d'approche, un resserrement de perspective aurait facilité l'exploitation d'une telle optique.
L'apparition épisodique de Jésus, comme une hallucination collective des personnages croyants, nous paraît tout d'abord farfelue (un homme barbu vêtu de blanc accompagné par son mouton n'est pas une image que l'on pourrait qualifier de « conventionnelle »), mais on accepte rapidement ce paramètre qui apporte finalement beaucoup au récit malgré son mutisme. Victor Trelles Turgeon est fabuleux dans le rôle du Père Malachy, sa douceur et, à l'opposé, son intensité, sa folie, font du protagoniste un être fragile que l'on apprécie et estime immédiatement. Sa collègue à l'écran, Madeleine Peloquin, est également déconcertante et éminemment crédible dans la peau de cette religieuse rongée par le désir. À noter également la performance louable de Lynda Johnson qui personnifie une mère autoritaire et antipathique que l'on aime détester.
Si ce n'était pas d'une finale risible et décevante (probablement l'une des pires du cinéma québécois depuis longtemps – on exclut ici la conclusion d'Angle mort de l'équation qui était au-delà d'inacceptable), Pour l'amour de Dieu serait une oeuvre supérieure, mais son épilogue (et surtout les dernières secondes) la recale au rang de satisfaisant. Mais Dieu et son fils pardonnent - même les finales grotesques - aux hommes de bonne volonté.
La réalisatrice exploite le sujet de manière respectueuse, presque pieuse. Même si la présentation d'un environnement ecclésiastique est souvent accompagnée d'un jugement, d'une opinion perceptible de l'auteur, Pour l'amour de Dieu fait preuve d'un respect exemplaire qui nous permet d'apprécier le récit sans cet arrière-goût d'endoctrinement.
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