Très rares sont les films étrangers qui connaissent un succès semblable à celui de Millénium au Québec. Les Français, grâce - principalement - à l'absence de la barrière linguistique, parviennent parfois à charmer en masse les Québécois, mais règle générale les longs métrages les plus populaires chez nous sont les nôtres et ceux de nos voisins du Sud. Même si de nombreux défauts narratifs et techniques parsèment (les deux derniers opus de) la série, il est pertinent de mentionner le tour de force qu'est parvenu à accomplir cette oeuvre suédoise. Pour ce qui est du plus récent chapitre des aventures de Mikael Blomkvist et Lisbeth Salander, il est, très sommairement : moins efficace que le premier, mais mieux réparti, plus à propos, que le deuxième.
Après avoir tenté d'assassiner son père, Lisbeth est amenée à l'hôpital où elle se remet tranquillement des nombreuses blessures qu'elle a subies. Accusée de tentative de meurtre et déclarée mentalement instable, la jeune femme excentrique devra subir son procès et prouver qu'elle a été victime d'un complot abominable orchestré par une branche secrète du gouvernement suédois. Pour l'aider, elle fera appel à la soeur de son ami Mikael Blomkvist qui la représentera devant les tribunaux. Armée du peu de courage qui lui reste, Lisbeth tentera de prouver que la vérité est parfois plus puissante que le pouvoir.
Le jeu des acteurs est encore une fois très juste, rigoureux et éloquent. La jeune Noomi Rapace nous fait croire si intensément aux afflictions de Lisbeth, aux horreurs qu'elle a pu subir tant à l'âge adulte qu'à l'enfance qu'elle nous transmet cette rage de vérité, cette impuissance rebutante face à la fatalité. Bien sûr, le passé de Lisbeth est si obscur, si horrible, que l'on doute rapidement de la plausibilité de ce complot immoral du gouvernement suédois contre une jeune fille de douze ans et, davantage, du maintien de cette conspiration jusqu'à l'âge adulte. Qu'on la déclare psychotique et schizophrène pour atténuer son jugement est une chose, mais qu'elle soit violée par son psychiatre pédophile et son tuteur pervers et qu'en plus elle soit pourchassée par son demi-frère allemand, qui plus est insensible à la douleur, entraîne le récit dans des avenues presque inconcevables.
La première heure du long métrage s'étire inutilement, exposant des preuves de l'innocence de Lisbeth (que l'on connaît pour la plupart) et développant des personnages secondaires inutiles (tel qu'un médecin trop sympathique qui considère Lisbeth comme « divertissante » - ?!?!). La dernière heure, notamment les quelques minutes du procès, est beaucoup plus intéressante, tant dans sa structure que dans son intrigue. Même si on n'échappe guère à des coïncidences stupides et d'étranges péripéties (notamment lorsque le monstre allemand MARCHE à la poursuite de sa soeur).
Tout de même efficient et percutant dans son ensemble, Millénium 3 – La reine dans le palais des courants d'air est une conclusion satisfaisante à une franchise mitigée. Dépendant de ses deux prédécesseurs, le film convie le public au dénouement (prévisible) de la destinée (improbable) d'une jeune femme (originale), protégée d'un journaliste (trop acharné) du magazine Millénium (publication, semble-t-il, assez versatile et influente). À voir maintenant si les Américains, qui viennent d'acheter les droits du film (qui sera réalisé par David Fincher), sauront faire aussi bien que les Scandinaves.
Moins efficace que le premier, mais mieux réparti, plus à propos, que le deuxième, Millénium 3 : La reine dans le palais des courants d'air est une conclusion satisfaisante à une franchise mitigée.
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