L'exorcisme, cette pratique religieuse censée extirper les démons d'un corps possédé, est un sujet que l'on a exploité en long et en large au cinéma. Certains films étaient effrayants, d'autres litigieux et même quelques-uns railleurs. Avec cette profusion d'oeuvres sur la question, il est plutôt difficile d'être assez original pour convaincre le public du bien-fondé d'un autre long métrage sur le sujet. Le rite utilise la qualité de ses images, la finesse de son montage et de certains effets spéciaux pour arriver à ses fins. Le résultat est visuellement impeccable - même transcendant à certains moments - mais narrativement assez pauvre. L'angle spirituel qu'on a tenté donner au film fait généralement basculer l'oeuvre dans le cliché - même si on parvient à en éviter plusieurs avec diplomatie - et le sermon théologique.
Après ses quatre ans d'étude pour devenir prêtre, Michael doute de ses croyances et de lui-même. L'un de ses professeurs, qui croit en ses capacités, l'envoie à Rome pour qu'il suive un cours d'exorcisme. Michael n'est pas du tout convaincu de l'authenticité de cette pratique, cencée retirer les esprits démoniaques des corps possédés. On le réfère donc au frère Lucas Trevant, qui pratique régulièrement ce genre de désenvoûtement. Bien qu'il soit témoin des réactions psychotiques des patients de Trevant, Michael s'entête à croire que les personnes rencontrées sont davantage malades mentalement que possédées par le démon. Et il maintiendra son opinion jusqu'à ce que lui-même soit témoin d'expériences démoniaques.
La compétence de la direction photo - l'image est léchée, parfois habilement rembrunie ou contrastée - ainsi que la pertinence du montage - parfois nerveux, parfois traînant - permettent au film d'atteindre un niveau d'efficacité non négligeable. Malheureusement, c'est au niveau de la trame dramatique que le tableau se gâche. Le récit, malgré ses prétentions d'« histoire vraie », reste généralement assez improbable et exploite le sujet de l'exorcisme d'une manière assez conventionnelle. Les dislocations de membres, les pupilles vitreuses et vermeilles ainsi que les rauques intonations sont presque devenues un classique au fil des âges et finissent par rebuter même le fanatique d'horreur - malgré leur efficacité visuelle.
Alors que plusieurs films se limitent à effrayer le spectateur grâce aux comportements atypiques - et souvent répugnants - des victimes possédées et aux sursauts d'un montage savamment construit, Le rite s'aventure dans une réflexion sur la religion et sur l'importance - ou à l'inverse, sur l'incohérence - de la foi. Réussissant généralement bien à atteindre les préoccupations humaines de son public - si nous trouvions les preuves de l'existence de Dieu, que ferions-nous de l'information? - le récit finit fâcheusement par s'embourber dans des questions d'éthique et d'illuminations divines qui dissuadent les athées comme les croyants de la légitimité du débat.
Malgré les compétences dramatiques indéniables d'Anthony Hopkins - même si les années ont passé, il reste ce tueur froid et terrifiant qui trouble encore le sommeil de nombreux cinéphiles -, le nouveau film de Mikael Håfström manque indéniablement de rythme et de constance. Une oeuvre qui n'est pas hantée par le démon, mais certainement pas non plus conduite par une illumination divine.
La compétence de la direction photo ainsi que la pertinence du montage - parfois nerveux, parfois traînant - permettent au film d'atteindre un niveau d'efficacité non négligeable. Malheureusement, c'est au niveau de la trame dramatique que le tableau se gâche.
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