Ne paniquez pas, mais c'est la fin de Twilight. Après cinq films, 608 minutes de tergiversations entre le vampire et le loup-garou, entre l'amour et l'amitié, c'est fini. Au-delà du fait qu'en cinq ans, entre le premier film et le dernier, les jeunes filles qui composent le public de cette caricature du désir féminin dans un contexte religieux (dont Carrie était aussi une métaphore) ont sans doute vieilli et qu'on peut espérer qu'elles soient plus sceptiques, il reste que l'univers de Twilight est particulièrement bien balisé. On sait exactement à quoi s'attendre. Mais ça ne rend pas l'expérience plus cohérente. Et comme Twilight n'a jamais tenu à respecter ses propres règles...
Dans Part 2, on dirait qu'enfin, quelqu'un a réalisé que Twilight était une comédie. C'est donc avec une certaine ironie qu'on introduit encore une bonne dizaine de personnages interchangeables dont l'influence sur le récit est négligeable, qu'on improvise des pouvoirs « magiques » entre vampires et qu'on ne ressent pas le besoin de justifier mythologiquement pourquoi une organisation séculaire ferait une chose aussi complexe que de chasser jusqu'à Forks un enfant dangereux sans vérifier avant. La seule justification nécessaire, c'est de faire crier les spectatrices. Un chest de loup-garou, une tête arrachée, un revirement narratif douteux : même combat.
À chaque nouveau film, c'est la même chose : qu'est-ce qu'on va encore inventer pour créer un peu de tension? Cette fois, c'est les « enfants immortels », qui sont apparemment des dangers publics qu'on doit éliminer. Donc, sur le simple malentendu que Renesmee puisse ou ne puisse pas éliminer tous les vampires, on va se permettre de décapiter des dizaines de vampires et de jeter un enfant au feu (ou pas?). Heureusement que les vampires ont tous des pouvoirs vraiment utiles et vraiment complémentaires, sinon il ne se passerait rien dans ce film...
Les effets spéciaux de ce cinquième volet sont les pires de la série, ni plus ni moins. Le ridicule bébé qu'est Renesmee, formé par on ne sait quelles manipulations informatiques, est complètement surréaliste, comme le sont d'ailleurs les sprints de vampires (qui prennent quand même leur voiture pour se déplacer) et le combat final, particulièrement baroque. Un travail bâclé qui est vraiment décevant (voir à ce sujet le plaqué de football de Bella sur un cougar). Aussi : c'est vraiment révolutionnaire que le gars avec des gros muscles qui se pense fort se fasse battre au tir aux poignets par la fille la plus menue de la maisonnée; du jamais vu!
Les vampires, qui sont immortels, sont toujours à la dernière mode douche - c'est au moins ça - et on s'assure d'en avoir un pour tous les goûts. Le sous-texte religieux, toujours présent, peut enfin se laisser aller (parce que c'est fait dans le mariage). Mais bon, rien de tout ça n'a d'importance... Pourquoi un vampire, qui ne vieillit pas, aurait-il besoin de collagène? Un autre des grands mystères de Forks...
Impossible pour le réalisateur Bill Condon de faire preuve de cohérence dans cet univers qui fluctue sans cesse; les acteurs sont aussi inutiles que d'habitude et une petite dose d'humour injectée n'y change rien. Le problème, c'est que dans le cas d'une adaptation d'un livre aussi apprécié, c'est qu'aucun de ces éléments cinématographiques n'influence la réussite des revirements dramatiques ni son appréciation par le public déjà conquis. Cela rend cet exercice un peu vain.