De chaque pays, de chaque nation, naît une culture cinématographique spécifique de laquelle découlent des thèmes récurrents. Les États-Unis sont bercés, depuis toujours, par la chimère du rêve américain, du culte du héros, alors que la France s'intéresse davantage aux conflits sociaux, tels que l'immigration et le racisme. Bien que ces questions ethniques soient d'une importance cruciale pour la France qui, vu sa proximité avec l'Afrique, le Maroc et l'Algérie, voit sa population arabe augmenter considérablement chaque année. Au Québec, nous ne connaissons que partiellement les détails de ce débat politique et, puisque nous ne sommes pas concernés, le sujet nous importe peu. C'est pourquoi un film pauvre comme L'Italien, qui, malgré le litige qu'il soulève, n'est ni drôle, ni touchant, ni novateur, n'a aucun intérêt chez nous.
Lorsque Mourad, un Français d'origine algérienne, a voulu se trouver un appartement et un emploi, il s'est rapidement rendu compte qu'un arabe n'était pas très bien accepté en France. Il a donc décidé, en désespoir de cause, de se forger une nouvelle nationalité, italienne cette fois, pour s'intégrer plus facilement à la société. À 42 ans, son secret commence à être de plus en plus dur à porter surtout lorsque son père, qui croit que son fils travaille à Rome, lui demande de faire le ramadan à sa place.
Kad Merad est utilisé fréquemment et à toutes les sauces en France, son apparence lui permettant d'incarner tout aussi bien un Français, un Algérien, un Marocain ou un Italien. Cette capacité - enviable pour un acteur - lui permet une omniprésence au grand écran qui devient rapidement déconcertante pour le spectateur, toujours incertain de la provenance du personnage qu'il interprète. Sa performance dans L'Italien est tout de même conséquente, malgré l'absurdité de son personnage, qui parvient à berner tant le gouvernement que ses proches en rapport à des questions légales et fondamentales. Pourquoi ne pas simplement prétendre qu'il est un Italien musulman au lieu de recourir à des stratagèmes douteux pour masquer sa pratique du ramadan?
La morale du long métrage est vraisemblablement d'ouvrir nos horizons et de nous sensibiliser aux difficultés que rencontre les immigrants en France, mais au lieu de nous expliquer certaines pratiques telles que le ramadan - qui est pour nous très abstraite -, on nous canarde des répliques vides de sens comme : « C'est la relation : on ne se pose pas de questions ». On tente également d'utiliser l'humour pour faire passer le message, mais les situations comiques qu'on nous présente sont si prévisibles et mal orchestrées qu'on perd rapidement l'intérêt. Recevoir un ballon de soccer sur la tête ou donner sa nourriture à un chien pour ne pas avoir à la manger n'a rien d'amusant ni même de pertinent.
Même si le débat ethnique reste vivant et à propos, le film ne fait preuve d'aucunes originalité et frôle souvent la grossièreté. Ce n'est pas en encourageant le stéréotype italien que l'on restaure l'image des Arabes; loin de là. Et c'est encore moins en ironisant sur le ramadan qu'on attire la sympathie et le respect des autres cultures. Il y a des manières de faire passer un message, des personnes toutes désignées pour le livrer et des peuples plus enclins à le comprendre, et, apparemment, nous ne sommes pas, au Québec, assez impliqués et renseignés pour l'intégrer efficacement.
Il y a des manières de faire passer un message, des personnes toutes désignées pour le livrer et des peuples plus enclins à le comprendre, et, apparemment, nous ne sommes pas, au Québec, assez impliqués et renseignés pour l'intégrer efficacement.
Contenu Partenaire