******** Vu au Festival du Film de Toronto 2019**********
Le film Blackbird fait partie de ces oeuvres qui font pleurer tous les publics, irrémédiablement. Ceux qui ont récemment vécu la mort d'un proche auront les yeux bouffis en quittant la salle de cinéma, mais même ceux qui ont eu la chance d'avoir été épargnés par cette tragédie laisseront glisser des larmes franches sur leurs joues rouges lors de la déchirante conclusion. Remake d'un drame danois, ce Blackbird n'est pas parfait, mais il est puissant, déchirant, pertinent et brodé d'un humour noir irrésistible.
En effet, bien que le long métrage dépeigne l'histoire douloureuse d'une mère condamnée à une mort certaine qui organise un dernier week-end en famille avant d'en finir, on y rit allègrement. Le scénario comprend des pointes d'humour absolument délicieuses. La mort n'est pas tabou dans la bouche de la protagoniste, jouée par l'excellente Susan Sarandon, et cette vision étonnante du trépas déstabilise puis finit par amuser. Malgré tout, on s'identifie au personnage de Kate Winslet, la fille du personnage principal. Celle-ci n'accepte pas la décision de sa mère d'abandonner le combat si tôt, elle remet en doute son jugement et la confronte sur ses valeurs.
Même si le film parle de la mort de front, il reste très lumineux et chaleureux. Il veut, en quelque sorte, davantage célébrer la vie que raconter la mort; une perspective appréciable. Par contre, le fait que tout est aussi droit et réconfortant finit par devenir prévisible. On aurait espéré un peu plus de laisser-aller, qu'on s'éloigne du message préfabriqué de la carte de souhaits. La mise en scène s'avère, de son côté, trop théâtrale, on aurait aimé que Roger Michell utilise davantage les outils du cinéma pour transmettre l'émotion.
Au bout du compte, Blackbird fait partie de ces oeuvres sur lesquelles on demeure satisfaits de verser des larmes. Il y a trop de productions vides qui essaient de faire pleurer à tout prix pour qu'on rejette Blackbird du revers de la main. Les sanglots peuvent être salutaires et ce film engendre ce genre de mélancolie providentielle qu'on doit accueillir avec humilité.